Encore un bon roman d'un écrivain lancé dans l'exploration des univers intérieurs par le fantastique. Procédé intéressant, l'auteur efface presque totalement, par un subtil effet de brouillage le décor réaliste de l'histoire, qui pourrait être ici, mais ressemble à l'ailleurs. Seul compte le récit qui se déroule dans une institution pour enfants autistes; la mise à distance du monde fait écho à la maladie. Peu à peu le brouillage gagne le récit lui-même. On ne sait plus qui psychanalyse qui, qui a besoin d'être soigné. La lucidité de l'héroïne, déchirée entre les enfants et son directeur au comportement de plus en plus énigmatique, se met àvaciller. De l'atmosphère trouble du roman, la personnalité fuyante des protagonistes et la justesse du ton de la narration à la première personne se dégage un sentiment de malaise, de mal-être, qui ne sombre jamais dans le morbide, entraîne irrésistiblement le lecteur dans le parcours auquel sont conviées Vega et Agena. Voilà un très bonne lecture. (Revue des livres pour enfants)