Pour fêter les dix ans et la nouvelle présentation de "Page blanche", l'éditeur a donné carte blanche - plutôt multicolore en l'occurence - à dix auteurs maison sur le thème des couleurs d'un arc-en-ciel imaginaire. Pierre-Marie Beaude a choisi l'ocre. Ocre de la terre qui charrie le fleuve dans lequel Doumo, jeune africain au pied déformé par la polio, manque de périr noyé par la malveillance d'un autre. Ocre de la bille de bois dans laquelle il s'applique, lui qui est cloué au sol par sa malformation, à sculpter un ibis aux ailes déployées. Doumo n'est qu'au début de sa renaissance. Auprès de Papa M'Bo, "le vieux père" qui sculpte des animaux merveilleux à destination des touristes amteurs, il travaille sans fin le même hippopotame, à la recherche de e que le vieillard appelle la "double image", expression indéfinissable de la vie qui donne son âme à l'oeuvre d'art... Une couleur et une forme, la silhouette de l'animal sculpté qui s'impose à l'imaginaire du lecteur : l'auteur, comme Papa M'Bo, n'a pas besoin de grand'chose pour donner une dimension universelle à un message symbolique qui va bien au-delà du fleuve : il faut "beaucoup de temps pour apprendre les secrets des vivants ; ensuite, il faut se dépêcher, car il en reste peu pour les sculpter". Une nouvelle initiatique, tracée d'une plume où semblent concentrées toute la chaleur de l'Afrique, et l'ocre de sa terre. 12 ans et au-delà. (Livres jeunes aujourd'hui).