" C'est injuste, mais voilà : les parents de Léo et de sa petite soeur sont morts. Personne n'y peut rien. Ni eux, ni vous, ni moi. "...Tenter de dire l'indicible ne va pas sans risques, et c'est ceux-ci que l'auteur n'a pas hésité à affronter. Léo a la tentation de se laisser engloutir dans le chagrin qui le terrasse : si ses parents sont heureux au Paradis pourquoi ne pas aller les rejoindre, se demande l'enfant ? C'est ainsi qu'est mis en scène, à travers un épisode onirique, un petit garçon dévoré par l'envie d'en finir. C'est gonflé, direz-vous ? C'est vrai. Surtout que pour imager le cauchemar où Léo affronte la Mort et sa grande faux, et le rêve où ses parents devenus anges volent à son secours, l'auteur fait le choix, délicat, de recourir à des références bibliques. Voilà qui va chatouiller les esprits laïcs " intransigeant "! Mais dites-moi, quelle autre représentation donne-t-on aux enfants pour leur parler des défunts ? Athées comme croyants parlent souvent du ciel, même si ce n'est pas du même... Et puis c'est si bien écrit qu'on est ému, bouleversé. On apprend beaucoup de choses sur le chagrin, et ça, c'est important... A l'issue de cette terrible nuit où pulsion de mort et pulsion de vie se sont affrontées dans un combat acharné, Léo, apaisé saura transmettre à sa petite soeur ce qu'il vient de comprendre : c'est en vivant qu'ils garderont en vie le souvenir de leurs parents aimants, et c'est en rêve seulement, qu'ils pourront les retrouver. Thierry Lenain a raison de dire qu'il n'écrit pas des livres sur la mort mais sur la vie. (L'Autre Rive) (Citrouille)