An 2000 : le petit Chaperon rouge habite la cité des Bergeries... Au premier abord, on se dit : Bon, si ce remake leur fait plaisir...Mais la qualité de l'image évite qu'on ne commette une grossière erreur en n'allant pas plus loin. Et à continuer à lire, ce n'est plus seulement l'illustration qui accroche, mais l'écriture aussi : l'exercice prérilleux des rimes dans un texte qui ne relève pas de la poésie est parfaitement maîtrisé. Alors on en est convaincu : tout ceci ne peut être gratuit, quelque chose d'important se prépare. Mère-Grand entre à ce moment en scène. Une Mère-Grand qui pourrait bien être LE Chaperon rouge de Perrault, avec quelques années de plus... Elle transmet à sa petite-fille l'accessoire carmin, dont est également coiffée la mère : tout va donc recommencer, rien ne s'arrêtera jamais ? Les mères enverront-elles toujours ainsi leurs filles dans les bois ? Eh oui, tout va recommencer : la galette, le loup, les grandes dents... On a hâte d'arriver aux dernières pages : comment Claude Clément s'est-elle débrouillée avec la fin ? Version édulcorée ? Version sanguinaire ? Et puis paf, on est un peu déçu. Ce n'est pas qu'on soit sadique, mais le Chaperon rouge sauvée parce qu'elle prend ses jambes à son cou... Tout ça pour ça ? Tsss tsss... C'est mal connaître le talent de l'auteur. Il reste deux pages de texte. Deux pages pour que le silence ne permette plus à la souffrance de se reconduire de génération en génération, deux pages pour que la douleur faites aux fillettes ne soit plus inexorable. Quel plaisir de lecture, ce livre de femmes qui prennent en main la destinée féminine, ces plumes habiles d'une auteur et d'une illustratrice. Tiens, ça permet même de virer des étagères les modes d'emploi lourdingues en la matière. (Citrouille)