« Les Enfants d'Apollon », publié en 1890. De Reul est né en 1830 à Bombaye, près de Liège. Il est mort à Bruxelles en 1895. Il était l'oncle de Marie Gevers. Outre un guide des collections préhistoriques du Musée royal d'histoire naturelle, on lui doit « Le roman d'un géologue », récit autobiographique, et cette évocation d'un cirque forain où Sophie Basch découvre un naturalisme à la belge, très imprégné de romantisme, ce qu'elle appelle l'esthétique de la démesure caractérisant le style de Camille Lemonnier, d'Emile Verhaeren ou de Georges Eekhoud. Ignoré de nombreux spécialistes, « Les enfants d'Apollon » est le seul roman belge inspiré par le cirque. Encore n'est-ce pas le cirque mondain et parisien qui est concerné, mais son équivalent forain, circulant dans les lointaines provinces du nord. On y retrouve sans surprise un personnage de femme séductrice ici une dompteuse d'origine cubaine , suffisamment perverse pour ruiner l'amitié qui unissait deux jeunes bourgeois (quand on vous disait que la femme n'est pas l'avenir de l'homme... !). Le roman dont l'action se déroule vers 1840 commence par une belle description de Liège, tracée d'un crayon minutieux. Parmi les vieilles cités du continent, la ville de Liège est l'une des plus joyeuses et des plus pittoresques, malgré son aspect renfrogné d'ouvrière haletante. Empanachée du haut par de riantes collines où les maisons grimpent et se poussent, ses pieds trempent dans l'eau miroitante de la Meuse, qui reflète ses ponts revêtus de petit granit, ses quais encombrés de ferraille, ses ruelles tortueuses aux pignons déhanchés, dont le pavé frissonne avec un cliquetis de tôles sous le poids des pesants camions.