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Oscar Wilde
Auteurs :
Editeur :
Année de parution :
1938
75, 74 p.. : 1 port. front : 19 cm
Une autre image de Wilde au faite de la gloire, puis de la tragédie, est celle que nous offre Gide dans les souvenirs qu'il rédigea aussitôt qu'il apprit, à Biskra, la mort de celui dont il se plaignait à Valéry en ces termes : " Wilde s'étudie pieusement à tuer ce qui me restait d'âme. Depuis Wilde, je n'existe que très peu. " Sans doute après la rencontre historique d'Alger, où l'Anglais, dans la pénombre d'un café, poussa le jeune puritain très " coincé " dans les bras d'un jeune Arabe. Gide, qui noterait dans son Journal : " Wilde ne m'a fait, je crois, que du mal. " Gide, qui ne le considérait pas comme un grand écrivain, mais comme un grand " viveur ", et qui, en prenant au sérieux la célèbre boutade de son cher ami-ennemi : " J'ai mis tout mon génie dans ma vie ; je n'ai mis que mon talent dans mon oeuvre ", a contribué à renforcer le soupçon de pure frivolité qui pèse toujours sur lui. Mais dans ces pages dont on lui sera à jamais reconnaissant, il rapporte les merveilleuses histoires que le conteur essayait oralement devant ses amis avant de les rédiger. Ou cette observation qui est d'un véritable romancier : " Ceux qui sont pour la première fois en prison se reconnaissent à ce qu'ils ne savent pas parler sans remuer les lèvres. " Ou, encore, ce mot qui résume le côté nocturne de la vie et de l'oeuvre de Wilde : " La pitié, c'est le côté par où est ouverte une oeuvre, par où elle parait infinie. " L'auteur des Faux-Mon-nayeurs en a-t-il jamais montré ? On ne retire rien à son génie en posant la question, qui fournira sans doute un thème de débat parmi les initiés, dans ces catacombes où la littérature apportera la lumière d'une lampe de poche. BIANCIOTTI, HECTOR, in : Le "Monde", 07-07-1989