Le violoniste Gunar Letzbor est un spécialiste de la musique baroque autrichienne, notamment Biber, Muffat et Schmelzer. Il s'intéresse cette fois plus particulièrement au premier cité, avec une série de mouvements de danses d'un carnaval imaginaire à la cour du Prince-Evêque de Kromerí . Au travers de nombreux timbres instrumentaux, se déploie une variété sonore tournée vers la "modernité" du classicisme viennois. On peut y entendre les caractéristiques des musiques folkloriques bohémienne et morave. Letzbor et l'ensemble Ars Antiqua Austria jouent avec charme et élan. A la fin du dernier morceau, la cloche sonne 12 fois, pour signer la fin du grand tohu-bohu, avant les six balletti lamentabili qui concluent l'album en toute solennité. (Electre)

L'abbaye bénédictine de Lambach en Autriche a été fondée en 1056. Des recherches entreprises depuis 2002 ont révélé un trésor d'oeuvres musicales composées par différents musiciens associés à l'abbaye. On retrouve deux de ces compositeurs sur cet album enregistré en ce lieu historique : Beniamin Ludwig Ramhaufski et Joseph Balthasar Hochreither qui aurait peut-être étudié avec Biber. La Missa ad multos annos de Hochreither a été jouée pour la première fois à l'abbaye à l'occasion de la consécration du nouvel abbé en 1705. D'après Gramophone, "Ars Antiqua Austria joue avec une articulation admirable et la contribution des trompettes et des trombones est particulièrement excellente. La petite force vocale de St. Florianer Sängerknaben, assistée par quelques solistes adultes est remarquable." (Electre)

Le jeu entraînant et imaginatif de Gunar Letzbor mêle admirablement style et émotion. Il utilise deux différents violons d'époque, chacun avec un timbre différent. De même, la basse continue est repartie entre luth, orgue et clavecin, livrant ainsi une ample variété texturale et expressive. Le son chaleureux de l'enregistrement vous transporte de votre salon vers une scène intime, où vous pouvez vous rapprocher de cet instrumentiste merveilleux.

Muffat a commencé sa formation à Paris auprès de Lully avant de consacrer la majeure partie de sa vie à l'Eglise Catholique. Il a exercé comme organiste en Alsace avant de partir en Bavière pour y étudier la justice et de s'installer à Vienne quelques temps. Organiste pour l'Archevêque de Salzbourg, il partit ensuite étudier le piano en Italie auprès de Pasquini avant d'être à nouveau engagé comme organiste par l'Evêque de Passau. Parmi ses compositions, l'Armonico Tributo de 1682 est une sonate en cinq mouvements et à cinq voix dans laquelle Muffat expérimente de façon très élaborée les possibilités des divers instruments, notamment par le recours au concerto grosso. On y entend l'influence de Corelli, qu'il rencontra à Rome, mais aussi de Händel, ce qui donne à croire que le grand maître n'était pas sans ignorer ces partitions. La musique particulièrement riche mêle des influences françaises et italiennes autant que les styles variés des sonates da camera et da chiesa. (Electre)