Production à l’arrêt, ventes en chute libre, nouvelles collections au placard... Comme la plupart des secteurs, le luxe est lourdement impacté par la pandémie. Après un moment de déni, les grandes maisons se sont mises en ordre de bataille, proposant leur carnet de chèques mais aussi leur savoir-faire aux hôpitaux. Fabrication de gel hydroalcoolique, confection de masques, financement d’imprimantes 3D : une contribution inédite qui permet à un milieu souvent brocardé de communiquer sur son utilité sociale.

En mettant un coup de frein à la production de vêtements, en remplaçant les fashion weeks "physiques" par des versions numériques, en limitant voyages et déplacements, la pandémie a contraint le secteur de la mode à regarder en face ses excès. Et à réfléchir sérieusement à ralentir le rythme infernal des collections, et respecter davantage l’environnement. Oui, mais... Les vertueux changements que grands groupes du luxe comme marques indépendantes semblent appeler de leurs voeux se heurtent à la sécurité du modèle ancien.

À 19 ans, Adut Akech défile pour les plus grands créateurs, enchaîne les couvertures de “Vogue”, pose dans le calendrier Pirelli... Un parcours extraordinaire pour cette Sud-Soudanaise passée par un camp au Kenya avant d’être accueillie avec sa famille en Australie. La jeune femme, qui continue de se définir comme réfugiée, incarne un visage différent de la mode. Plus ouverte, plus diverse. Et obligée de changer ses critères de beauté pour coller à l’époque.

Accolades spectaculaires lors des défilés et complicité affichée sur les réseaux sociaux : les créateurs d'aujourd'hui semblent avoir mis de côté les querelles d'ego d'autrefois. Un esprit qui détonne dans un univers où la compétition et les exigences de rentabilité sont pourtant plus féroces que jamais. Comme si ces affinités, largement mises en scène sur lnstagram tels des éléments de communication, étaient aussi un antidote. Un moyen pour les couturiers de se serrer les coudes dans un monde souvent impitoyable.