Au sommaire notamment : Le Nibelungenlied, épopée inachevée (F. Goyet) ; L'irrésistible fascination du pouvoir (M. Delaperrière) ; La démocratie, un objet d'étude pour la recherche littéraire ? (S. Veg) ; Le sens de la forme : la Shoah, le roman et le partage du sensible (A. Prstojevic).

Discrète, lointaine en apparence, la basse continue a un rôle conducteur ; elle peut même se trouver promue au premier rang quand elle devient Continuum dans la partition moderne de Ligeti qui porte ce titre. Le présent livre part de la donnée musicale ancienne pour suivre un autre continuo - et peut-être est-ce toujours le même : celui des formes liées en musique, la fugue, les variations, en particulier ; celui de la musique et de la littérature, ou l'inverse, du nocturne romantique au Gaspard de la nuit de Ravel, de la "trompette fanée" sur laquelle s'achève le drame de Claudel, Partage de midi, aux Eclats de Pierre Boulez. L'ensemble de ces analyses se présente donc comme une vaste étude de transformations, sans rupture dans la continuité : il a suffi, pour cela, d'une simple formule de basto continuo, comme celle, apparemment innocente et si riche de conséquences, du premier Prélude du Clavier bien tempéré.

Après Rimbaud le Voyant et Rimbaud le Voyou, c'est le mystique contrarié que nous propose de découvrir Stanislas Fumet avec la verve et le bonheur d'écriture qu'on lui connaît. " Mystique à l'état sauvage " pour Claudel, idée violemment réfutée par les surréalistes, Arthur Rimbaud aurait été surtout, pour Stanislas Fumet, un mystique contrarié dans sa quête spirituelle par la bigoterie rigide de sa mère et l'arrogance triomphante du clergé catholique de son époque " Ô Christ, éternel voleur des énergies... " Le poète, alors, tracera, dans une extrême fulgurante un itinéraire où " il n'aimait pas Dieu ; mais... " Il y a de grands livres sur Rimbaud, celui-ci en est un. Publié en 1966, immédiatement salué par la critique et très vite épuisé, l'anniversaire des cent cinquante ans de la naissance du poète nous donne l'heureuse occasion de le rééditer, précédé d'un texte de cet éminent rimbaldien qu'est Pierre Brunel, en guise de préface.

Pierre Brunet, professeur à l'université de Paris-Sorbonne, est l'actuel président de l'Association des amis de Rimbaud et le directeur de Rimbaud vivant. Il a publié plusieurs éditions de Rimbaud et lui a consacré plusieurs ouvrages.

Etudie les glissements successifs qui se sont produits dans la production des romans au cours du XXe siècle.

Ancien élève de l'École Normale Supérieure, agrégé de Lettres classiques, Pierre Brunel s'est spécialisé dans le domaine de la littérature comparée. Professeur à l'Université de Paris IV-Sorbonne depuis 1970, il y a dirigé le Département de Littérature Française et Comparée de 1982 à 1989, et il est l'actuel Directeur des Cours de Civilisation Française de la Sorbonne. Il a fondé le Centre de recherche en Littérature Comparée (CRLC) en 1981 et le dirige depuis cette date. Il dirige la collection « La Salamandre » à l'Imprimerie Nationale (une cinquantaine de volumes parus). Aux Presses de l'Université de Paris-Sorbonne, il a fondé la collection « Nouvelles Recherches en Littérature comparée ».

Composé de plus de 90 articles signés de chercheurs et d'universitaires d'horizons variés, le Dictionnaire des mythes d'aujourd'hui ne prétend pas à l'exhaustivité, mais offre un large panorama des thèmes, des figures et des personnes qui composent à l'heure actuelle notre "paysage mythique" : des Allégés aux Zombies, en passant par les Cigarettes, le Sida, le Titanic ou la Vache folle ; de Peter Pan à Sherlock Holmes, en passant par Marylin Monroe, Serge Gainsbourg ou François Mitterand. Chaque entrée est enrichie d'une notice bibliographique ainsi que de renvois aux figures et thèmes mythologiques classiques. L'ambition de ce dictionnaire sans équivalent est de saisir la modernité à travers ses mythes. Par mythes, il ne faut pas entendre au sens strict ces récits légendaires qui s'inscrivaient jadis dans une vision religieuse du monde, mais bien plutôt leurs avatars actuels, ces croyances collectives vagues, souvent fascinées, dont Roland Barthes montra il y a quarante ans (dans ses Mythologies) à quel point elles restaient actives dans les représentations sociales modernes. Sans parti-pris toutefois, ni méthode d'analyse exclusive, le Dictionnaire des mythes d'aujourd'hui est un regard neuf et éclairant jeté sur ce qui fonde notre quotidien.

Dans la lignée de ses prédécesseurs - le Dictionnaire des mythes littéraires, le Dictionnaire des mythes d'aujourd'hui, le Dictionnaire de Don Juan, le Dictionnaire des mythes féminins -, cet ouvrage présente un état actuel de la recherche sur un des domaines des études littéraires consacrées aux mythes, sans prétendre à l'exhaustivité. Il s'efforce également de s'interroger sur les relations problématiques de deux champs de la recherche abordés le plus souvent séparément celui des mythes littéraires et celui de la littérature fantastique. Or une confrontation de la culture savante à la littérature populaire ne prolonge-t-elle pas dans une certaine mesure l'idéal, qui remonte au moins au romantisme, de la création d'une mythologie moderne ? Cette approche permet de montrer comment quelques-unes des figures de la littérature fantastique se constituent en mythes et surtout comment cette littérature fonctionne comme discours mythique. Mythe et fantastique ne se rejoignent pas seulement dans leur rapport au merveilleux, ni même en tant que principes explicatifs. Les figures monstrueuses sur lesquelles ils sont souvent centrés donnent lieu, par la monstration, à une prise de conscience de l'autre et, par là, à une réflexion sur le moi. La littérature fantastique s'édifie en mythologie en ce qu'elle induit une réflexion sur les rapports de l'homme à la société, à l'histoire ou au sacré et, sur un mode plus métaphysique, sur l'identité humaine

Le beau titre d'une Etude pour le piano de Debussy, détourné de son sens technique, a servi de point de départ à une réflexion sur la manière dont littérature et musique composent ; sublimation du texte mis en musique, évocation d'une oeuvre musicale dans le livre, création par l'écrivain d'une "imaginée" musicale, expérience des confins quand la musique et la littérature vont vers l'impalpable et l'inexprimable. Un "Tombeau de Strawinsky", réunissant Michel Butor, Alejo Carpentier et Milan Kundera, veut être, au sens poétique du terme, un Tombeau littéraire de la musique même.

Présentant et analysant dans ce volume l'oeuvre de Rimbaud, l'auteur s'efforce de montrer les liens qu'elle entretient avec la poésie de son temps et la rupture qu'elle marque dans cette tradition. Une importante anthologie (p. 177-244) a pour originalité de faire figurer côte à côte des poèmes de Rimbaud et d'auteurs qu'il a pastichés (Daudet, Coppée, Gautier, etc.) ou qu'il a inspirés (Duprey, Claudel, Bonnefoy, etc.). Rappelons que P. Brunel a écrit plusieurs essais sur ce poète et qu'il a magnifiquement édité ses oeuvres complètes dans la collection "Pochothèque" (1999).

Pierre-Georges Castex, Professeur de littérature française à la Sorbonne, membre de l'Académie des Sciences morales et politiques.

Cinq mythes anciens, cinq mythes modernes. Depuis la terre-mère à peine personnifiée, se dégageant difficilement des archétypes de la création, jusqu'à la diva des scènes lyriques modernes à travers le personnage d'Ingrid Weber dans le roman d'Yves-Michel Ergal (1985). Au passage, l'auteur revient longuement sur le mythe d'Electre, sur Andromaque, sur Gradiva...

Un commentaire du roman de Queneau.

Mage puissant, il passe pour avoir exercé la magie de son chant et de sa lyre jusqu'au fond des Enfers, Orphée a pourtant la fragilité de l'homme en deuil d'Eurydice et de la victime des Ménades. La musique exprime ses triomphes et sa déchirure profonde, les musiques d'Orphée sont nombreuses et passionnantes, des premiers opéras italiens aux musiques les plus contemporaines.

Le propre du secret est qu'il donne à imaginer. Il est le point de départ d'une recherche qui peut prendre la forme de la quête, ou même de l'enquête. Il déclenche surtout une rêverie dont bénéficient la littérature et l'art. Partant d'un exemple apparemment très simple, "Le secret de maître Corneille" dans les Lettres de mon moulin, Pierre Brunel a choisi un libre parcours. Il convoque, au gré de sa fantaisie, mais aussi d'une nécessité interne au sujet, antiques et modernes, écrivains, peintres et musiciens. Nul esprit de système dans tout cela, nulle grammaire de l'imaginaire, mais un libre déploiement à partir de visages d'hommes, de figures mythiques et même de simples lettres de l'alphabet, immobiles ou dansantes, d'apparents cryptogrammes qui peuvent aussi constituer des clés. Notons à l'attention des étudiants préparant l'agrégation de Lettres que la première partie de l'ouvrage est consacrée aux "Figures antiques du secret" comprenant "Les oreilles de Midas", "Question(s) à Œdipe"...

Textes inédits ou retrouvés: Testament, Deux pièces retranchées du Drageoir à épices, Huit collaborations au Musée des Deux-Mondes (1875-1876), Textes de circonstances, Lettre-poème en prose, Le Salon de poésie, Troisième série du Parnasse contemporain (1876), La proie et l'ombre de Marius Roux (1878), Camille Lemonnier (1878), Deux Lettres inédites à Étienne Lorédan-Larchey, Léon Hennique (1887), etc.