Au moment où il se séparait difficilement de la femme interdite devenue "Ysé" dans "Partage de Midi", au moment aussi où il revenait en France dans le climat dramatique du vote des Lois de Séparation, Claudel s'est senti appelé au devoir d'expliquer et de faire partager sa foi catholique. L'illumination de sa conversion, vingt ans plus tôt, avait été le ferment d'un travail obscur, solitaire, manifesté par les symboles violents et mystérieux de ses premiers drames. Il faut maintenant parler clair, poser la foi comme un acte de la vie, distinct de l'émotion poétique ou de l'intérêt philosophique. Ainsi naît soudain sous sa plume, autour de l'année 1905, un réseau serré de lettres (à André Gide, à Francis Jammes, à André Suarès, à Jacques Rivière et à quelques autres) qui sont d'étonnantes campagnes de conversion, passionnées, parfois maladroites, jamais sans effets. Ce sont aussi plus simplement, des demandes d'amitié, de dialogue, de la part d'un homme qui s'est vu solitaire, abrupt, lointain, avant de repartir une troisième fois pour la Chine. C'est enfin la première éclosion de la prose claudélienne, accompagnant la création poétique de "Partage de Midi" et des" Cinq grandes Odes". Ici naît un nouveau Claudel, celui de la maturité.

Les lettres de Rivière et de Gide sont pleines et comme saturées de noms d'écrivains et d'artistes. [...] Dans les choix quotidiens comme dans les combats qu'il a fallu mener à certains moments, la relation d'amitié et de sincérité qui s'est établie entre Gide et Rivière a été une force vive, un noyau d'énergie, peut-être parce qu'elle unissait le plus jeune et le plus âgé de l'équipe. Pour les raisons qu'expose par ailleurs Alain Rivière, cette correspondance a beaucoup tardé à paraître. Du vaste ensemble épistolaire qui entoure La NRF elle se trouve la dernière à être entièrement connue. Puisse-t-elle prendre désormais sa place, qui est centrale. » Pierre de Gaulmyn.

L'œuvre de Marguerite Duras est une exploration erratique et obstinée, sans cesse reprise et déplacée, des possibilités de la représentation, de la matière textuelle ou filmique jusqu'aux pouvoirs du hors-texte ou du hors-image. Gagnant à sa manière du terrain sur les étendues noires ou blanches de l'irreprésentable, osant risquer des barrages là même où il semblait impossible de les placer, elle a su ne jamais trouver le lieu ni la formule. Son parcours fait d'avancées et de retraits, de ruptures et de recommencements, ignore l'installation dans un genre ou une forme. Détruire, dit-elle. Telle est la matière sans cadre ni clôture, le flux vivant aux rives incertaines, que les auteurs réunis dans ce livre s'efforcent d'explorer. Ils pensent que, disparu le personnage de pythie pensive et impérieuse, est venu le temps du retour aux textes, aux films – d'en mesurer l'inventivité ou la radicalité, d'en saluer la force, d'en dire la beauté.