Avec son troisième roman graphique, "Regarde-les danser", Marie-Anne Mohanna donne la pleine mesure de son talent et semble avoir trouvé sa voie. Ce travail époustouflant est le fruit d'un parcours singulier entre études de droit, illustration et voyages initiatiques. Nous allons tâcher de vous le raconter par l'écrit.

En à peine 18 mois, Lisa Blumen a sort une paire de bandes dessinées très remarquées, "Avant l'oubli" et "Astra Nova", parues chez L'Employé du Moi. Avec ces histoires bâties sur l'urgence d'une fin prochaine, elle déguise ses récits en blockbusters apocalyptiques pour mieux parler de notre rapport à la vie de tous les jours. Grâce à un dessin suave et une écriture subtile, elle s'est vite forgé un cercle de lecteurs conquis.

Anouk Ricard a l'âme voyageuse. Depuis vingt-cinq ans qu'elle est dans la partie, elle nous a baladés des terres riantes de l'amitié enfant-grenouille aux déserts arides de la fabrication de coucous. L'humour de la Lyonnaise a visité bien des contrées, mis le bazar dans bien des champs de l'existence. Celle qu'on pourrait mettre dans le même drôle de sac que Pierre La Police ne s'était pourtant jamais at taquée à la zooanthropie.

Après le très acclamé "Colorama" (Pépite du Meilleur Album Jeunesse 2017 et Prix Sorcières 2018), Marie-Laure Cruschi, alias Cruschiform, sort du bois pour un album réalisé à quatre mains avec son compagnon Simon Montel, alias Gazhole, "Il était une forme". L'occasion de revenir avec l'illustratrice sur son parcours et sa façon de l'arpenter : en ne méprisant jamais les sentiers inconnus.

Adèle Verlinden débarque dans le grand monde de la littérature jeunesse en 2018 avec "Sam et l'ombre", publié chez l'éditeur strasbourgeois Magnani. L'illustratrice, issue de l'école Estienne parisienne et de la HEAR strasbourgeoise, y déploie déjà son univers à nul autre pareil, entre coups d'éclat graphiques et naïveté du trait, animaux loufoques et histoires étranges. Les couleurs y pètent, les mots y claquent : c'est le point de départ d'une carrière qui ne fait que débuter mais qui recueille déjà les hourras de la foule.

Alors qu'il s'apprête à sortir son quatrième livre en France, "Metax", à paraître en août 2022 chez Cornélius, Antoine Cossé presse de plus en plus à la porte du panthéon de nos auteurs préférés. Grâce à une carrière qui ne ressemble à aucune autre, ce Français expatrié à Londres depuis près de vingt ans nous offre des bandes dessinées aussi déroutantes que fascinantes. Leur force graphique, esquissée à coups de traits fragiles et tout en nuances de gris, s'allie à une narration mêlant finesse psychologique et rythme trépidant.

Elle ne nous a pas offert de répit. C'est les yeux encore exorbités par son "Un soir de fête", sorti en 2021 aux éditions Magnani, que nous avons découvert ce printemps 2022 le deuxième album de Nina Lechartier. Avec "L'Invité fantastique", contrairement à son prédécesseur qui recueillait cinq histoires courtes, Nina Lechartier prend cette fois-ci le temps de déployer ses fulgurances narratives et graphiques sur un récit long. Et le résultat pèse lourd en termes de persistance cognitive : il s'agrippe, se débat et continue à électriser nos synapses de longues semaines après la lecture.

La revue "Lagon" ? Un de ces objets vivifiants que peut nous offrir la bande dessinée alternative. Elle regroupe (presque) annuellement des créations venues de tous horizons, mêlant sans retenue les styles - du dessin numérique au simple trait de crayon - pour un panel de propositions toujours plus étonnantes. Cette richesse a forgé sa réputation, elle qui se balade désormais dans les salons du livre d'art du monde entier, de New York à Shanghai, en passant par Tokyo.

Depuis quelques numéros, nous croisons dans Métal hurlant, nouvelle formule, le trait précis et les histoires extraordinaires d'un jeune bédéiste au talent certain. Élie Huault, puisqu'il s'agit de lui, ne lésine pas sur les effets spectaculaires dont son dessin est capable. Des vues démentes, des architectures incroyables et des paysages époustouflants sont le quotidien de cet artiste au parcours sinueux qui semble enfin trouver sa place. Rencontre avec. on l'espère, un futur grand.

Voilà quelques années que le dessin tendre et absurde de Charlotte Bresler enjolive les murs de nos salons et les tables bancales des festivals de microédition. Durant tout ce temps, nous avons espéré voir son talent diffusé plus largement et prendre la place qu'il mérite. L'année 2024 récompense notre sage patience : après avoir empoché le prix Jeune Talent à Angoulême et été en résidence à Colomiers grâce au festival BD indigène, Charlotte Bresler sort son premier livre, "Oscar", réalisé avec son amie Anouck Constant et publié par MéMo. On peut enfin vous la présenter.

Pour son nouveau livre, Nylso suit la balade champêtre d'un père et de son fils, scrutant aussi bien le mouvement des feuilles que les aléas des relations intimes. "Les Jurys" témoigne d'une maîtrise du trait à couper le souffle grâce à laquelle il pousse la BD contemplative à son paroxysme.

Il est de ces jeunes auteurs que nous aimons suivre. Difficile de dire aujourd'hui si "La Brigade" est un album clé dans sa carrière, mais cela en prend le chemin .