(Electre)

Difficile de synthétiser en cinq mots l'essence d'un art. Cette formule légendaire prend tout son sens avec Ziv Ravitz. Après avoir sillonné les routes du jazz une décennie durant aux côtés des meilleurs, le batteur se révèle aujourd'hui dans la peau du leader. Devenu un des éléments fédérateurs d'une scène particulièrement hétéroclite, il est partie prenante de cette génération de jazzmen sans frontières géographiques et stylistiques. Son aventure musicale chemine de Beer-Sheva en Israël, à Berlin, Paris et New-York ; arpentant les contrées d'un jazz sans ornières, définissant avec ses contemporains les contours d'une musique libre et plurielle. No man is an island questionne les limites. Comment maintenir l'interaction au sein d'un trio. Comment insuffler une dynamique sans contrebasse ni piano, tout en trouvant un équilibre entre les peaux de la batterie, l'apport harmonique de la guitare et le contrepoint du soufflant au saxophone. (Electre)

Trio puissant et homogène à la fluidité musicale exemplaire, Shai Maestro, Jorge Roeder et Ziv Ravitz reviennent avec un quatrième opus plus personnel que jamais. ẗirant les frontières d'un jazz profond arrivé à maturation, ils n'hésitent plus à mettre un pied sur des territoires voisins, mariant les touches électroniques élégantes et l'apparition de voix en osmose avec son univers unique. A noter l'intégration de quatre voix habitées et envoûtantes : Gretchen Parlato, Theo Bleckmann, Neli et Kalina Andreeva, Neli étant la soliste de l'orchestre national de Bulgarie, référence absolue du chant polyphonique. Pour autant les interventions vocales surviennent comme des respirations, sorte d'articulation sans prendre le dessus sur le récit musical. (Electre)

En bon musicien de jazz, l'accordéoniste aime se lancer dans des aventures musicales inédites. En bon fan de musique et très bon musicien tout court, il est curieux, gourmand, avide de découvertes et de nouveautés, à écouter ou jouer. Premier album en trio dans sa discographie, avec Ziv Ravitz à la batterie et Federico Casagrande à la guitare, Jokers va encore plus loin, et ailleurs. Le titre Circus of Light reflète une aurore boréale sur les eaux de la Méditerranée, ou envoie Nino Rota dans la voie lactée. River, reprise d'un tube pop de Bishop Briggs, visite les chants de forçats du Sud des Etats-Unis. Copy of A, reprise de Nine Inch Nails dont Peirani est fan, évoque la liesse d'une parade de carnaval extraterrestre. Jusqu'au générique final, émouvante déambulation pensive en Italie, Jokers est garanti sans une seconde d'ennui. Avec ses reprises iconoclastes, son énergie rock, ses ritournelles à l'italienne, sa virtuosité et son goût du risque, ce disque ressemble tout simplement à Vincent Peirani !