Le héros, jeune beur de 27 ans, est un modèle d'intégration qui ne jure que par Melville, Conrad ou Stevenson. Il a fait de très bonnes études mais se retrouve livreur de pizzas. Seuls les mots paraissent l'aider à accepter un avenir peu favorable. Il a ainsi commencé la rédaction d'un roman qui n'excède pas trois mots, des mots qui pourtant le délestent de sa haine et de sa rage : vivre me tue.

Où l'on retrouve le héros et l'auteur de Vivre me tue. Il avait cru trouver la paix en s'exilant au Maroc, mais on ne revient pas au pays où l'on n'est pas né. Il est heureux de retrouver Barbès, sa mère, ses amis, ses amours, les plaisirs de son enfance, le ciel gris, la pluie, la douce France, tant détestée mais tant aimée aussi.

Avec sa rage de vivre intacte, son insolence, son ironie, la tendresse et la mélancolie qui faisaient tout le charme de Vivre me tue, Paul Smaïl poursuit ici son aventure romanesque de Don Quichotte de notre temps, perdu dans un monde dont les moulins à vent bien réels, sont le racisme, le mercantilisme, l'égoïsme, la mesquinerie, l'indifférence.