Le groupe joue en parfaite unité et simultanéité; les musiciens ont déjà bien déblayé le terrain, ont décollé en un ensemble soudé, en mesure désormais d'inciter, de pousser, voire de se surprendre eux-mêmes.

Au cour des alpages de la Suisse alémanique, un trio de choc fait bouger les montagnes... Pour les amateurs de jazz libertaire, voilà un concert passionné et passionnant.

Dans l'opéra baroque, la folie est toujours l'occasion pour les compositeurs de mettre à l'épreuve la virtuosité des chanteurs. Ce récital n'y échappe pas et aborde tous les aspects de la Folie : douce, passionnée, joyeuse, désespérée... Stéphanie d'Oustrac et l'Ensemble Amarillis s'y amusent tout en dévoilant les lumières et les ombres de l'humanité.

Gigantesque et fameux, le Trio op.50 de Tchaïkovski donne le ton de cet enregistrement, élégiaque et virtuose. Dédiée à son ami Nicolas Rubinstein, la mention en français "? la mémoire d'un grand artiste" est accolée au titre de cette oeuvre originale autant par ses dimensions que par son écriture, qui exige des interprètes hors pair. Lui aussi dédié à la mémoire d'un musicien, le violoncelliste Karl Davidov (1838-1889), le Trio op.32 d'Anton Stepanovitch Arenski est tout aussi ambitieux. Plus rarement joué cependant, ce joyau de la musique de chambre constitue la véritable surprise de ce programme.

Ses précédents disques Debussy et Chopin pour Harmonia Mundi en témoignent : Alain Planès sait trouver les instruments historiques les mieux adaptés à chaque répertoire. Pour son enregistrement des Nocturnes de Chopin, il a choisi un superbe Pleyel de 1836 - l'époque même où ces chefs-d'oeuvre voyaient le jour. Avec cet instrument aux couleurs inhabituelles, notre poète du piano recrée la délicate magie de ces pages où Chopin, fasciné par le bel canto, inventait un nouvel art de faire chanter le clavier.

Quand Mozart s'empare du genre populaire de la sérénade, c'est pour le transcender et lui donner ses lettres de noblesse. Chef d'ouvre festif de simplicité et d'émotion, sa Gran Partita est d'ailleurs rapidement devenue un véritable tube ! Grâce aux couleurs tranchées et envoûtantes de leurs instruments d'époque, les membres de l'Akademie fur Alte Musik Berlin redonnent toute leur saveur à ces deux sérénades hors normes, où souffle un formidable vent de liberté.

Il y a 25 ans, Marcel Pérès et l'ensemble Organum commençaient à explorer conjointement les univers du chant mozarabe, ce chant liturgique propre aux chrétiens de l'Espagne médiévale et du chant sacré marocain. Par-delà les contrastes théologiques, ils découvraient la formidable proximité de ces deux répertoires religieux. Ou comment retrouver, par la musique, l'unité perdue de frères humains.

Dans ce mimodrame inspiré d'un conte russe, Stravinsky et Ramuz revisitent le mythe de Faust : en vendant au diable son violon en échange du livre qui devine le futur, le soldat perdra son âme. Créé aux dernières heures de 14/18, le compositeur exorcise les horreurs de son temps avec une oeuvre aux accents dadaïstes. Les musiciens ont relevé le pari de jouer sur des instruments contemporains de la création. L'oeuvre y dévoile sa véritable personnalité et ses couleurs originales, vives et mordantes.

Emmanuelle Bertrand et Pascal Amoyel fêtent les vingt ans de leur duo violoncelle et piano. Il n'est pas étonnant qu'ils aient choisi de célébrer cet anniversaire à la source de Brahms, tant le compositeur les a accompagnés tout au long de ce beau parcours ; au-delà des deux Sonates, romantiques en diable, ils emportent leurs auditeurs vers des passions plus ardentes encore, celles des liebeslieder (chants d'amour), magnifiquement incarnées, ici, par le violoncelle !

Plus d'un siècle après le scandale historique qui le vit naître au Théâtre des Champs-Èlysées, le Sacre s'est imposé comme un des must du répertoire symphonique moderne. Et si les forces telluriques générées par Stravinsky trouvent leur source dans la Russie païenne, c'est sous les arabesques des palais andalous que Péter Evtvvs est allé puiser l'inspiration de son troisième concerto pour violon, dont les dédicataires Isabelle Faust et Pablo Heras-Casado livrent ici le tout premier enregistrement.

Le chant mozarabe est propre à la liturgie de la péninsule ibérique. Il occupe une place de première importance dans l'histoire de la musique occidentale à côté d'autres branches du chant liturgique latin qui, elles, se composent d'un répertoire complet spécifique et aujourd'hui bien connu comme le chant grégorien et le chant ambrosien. Les chants réunis par Marcel Pérès dans cet enregistrement sont issus des livres de choeur de Cisneros.

Dans ce disque pionnier paru en 1994, Marcel Pérès et son groupe de chanteurs révèlent toute la richesse des répertoires authentiques du chant sacré corse, tombés en désuétude et sauvés seulement grâce à la tradition orale et à un long travail de détective. Le résultat - passionnant - donne une clé de lecture pour toute la polyphonie sacrée populaire de la région méditerranéenne.

Voguant en permanence de l'exubérance la plus impulsive vers le recueillement le plus contenu, de la passion la plus exacerbée vers la tendresse la plus innocente, ce programme forme un panorama représentatif du corpus chambriste schumannien. Au-delà des Trios avec piano qui à eux seuls "racontent Schumann", les Wanderer ont invité leurs partenaires de prédilection pour livrer leur lecture de deux chefs-d'oeuvre absolus, les fameux Quatuor et Quintette avec piano.

Achevant magistralement l'un des corpus de musique de chambre les plus représentatifs du XIXe siècle, les deux Sonates op. 120 de Brahms requièrent de la part des interprètes des qualités exceptionnelles au service du chant. La ligne mélodique s'y épanouit avec un naturel que la proximité de registre entre l'alto et la voix humaine rend encore plus immédiate. La voix de baryton de Matthias Goerne vient se confondre avec celle de l'alto d'Antoine Tamestit dans deux Lieder que prolonge la transcription pour alto du célèbre Wiegenlied qui berce l'humanité depuis plus d'un siècle.

Plus de cinquante ans après la révélation des Orgues historiques d'Europe qui avait grandement contribué à la notoriété d'harmonia mundi, Arnaud De Pasquale a repris le flambeau et nous propose d'entendre des instruments conservés au plus près de leur état originel - comme si leur son n'avait jamais changé depuis des siècles ! Cette première escale nous amène en Sicile, à la découverte des orgues de Noto, Regalbuto, Castelbuono, Ficarra et Alcara Li Fusi.