Enregistré dans la salle de concert Aram Khatchatourian d'Erevan, la capitale de l'Arménie, ce disque offre l'occasion d'échantillonner la musique de compositeurs arméniens, ici représentée par trois oeuvres pour violoncelle et orchestre. Le programme s'ouvre sur Aram Khatchatourian, dont le concerto de 1946, qui contient de nombreuses allusions folkloriques arméniennes et géorgiennes et des danses rythmiques comme celles de l'Ashoug, a été décrit comme étant plus proche d'une symphonie avec violoncelle que d'un concerto. La deuxième oeuvre, le Concerto pour violoncelle d'Arno Babajanian, est imprégnée d'une intonation spécifique enracinée dans la musique folklorique et le folklore arméniens. Le disque se conclut par le concerto pour violoncelle du compositeur français d'origine arménienne, Michel Petrossian, une oeuvre de 2022 intitulée 8.4, une allusion au livre de la Genèse, chapitre 8, verset 4, où le mont Ararat est mentionné pour la première fois. L'oeuvre glorifie l'aspect symbolique et spirituel d'Ararat, la ' montagne sacrée ', et intègre des chants liturgiques arméniens et byzantins. Alexander Chaushian, basé au Royaume-Uni, violoncelle soliste dans toutes ces oeuvres, est arménien de naissance et a obtenu le soutien expert de l'Orchestre philharmonique national arménien sous la direction de son chef principal Eduard Topchjan.

Il y a beaucoup d'interrogations autour des Six solos pour violon de Bach, ou les Sonates et Partitas pour violon comme elles sont appelées aujourd'hui. Quand les a-t-il composées, pourquoi et pour qui ? Dans quel contexte étaient-elles jouées ? Et pourquoi un maître de la polyphonie choisirait-il d'écrire pour un instrument mélodique au spectre polyphonique et aux accords limités ? Nous ne pouvons émettre que des suppositions pour répondre à ces questions, ce qui rend les oeuvres encore plus fascinantes. Le légendaire violoniste George Enescu les a décrites comme « l'Himalaya des violonistes » mais durant plus de 200 ans, elles étaient utilisées comme des exercices pédagogiques plutôt que comme des pièces de concert. Mendelssohn et Schumann ont tenté de les populariser en réalisant des versions avec un accompagnement au piano. Ce sont des oeuvres qui se prêtent à de nombreuses interprétations différentes et sur cet album, on entend le Bach de Jaakko Kuusisto. Lui-même compositeur, il se souvient avoir commencé à étudier les mouvements individuellement à l'âge de 10 ans. Cette musique ne l'a pas quitté depuis et selon lui, aucune autre oeuvre pour violon n'offre plus de challenge et de beauté. (Electre)

Masaaki Suzuki et son orchestre, le Bach Collegium Japan, ont effectué leur premier enregistrement de la Passion selon St Matthieu en mars 1999. Vingt ans plus tard, en avril 2019, choeur et orchestre sont réunis dans la salle de concert du Saitama Arts Theater au Japon pour une nouvelle performance. C'est "une joie immense" pour Masaaki Suzuki qui a l'honneur d'enregistrer une seconde fois la grande fresque de la Passion du Christ de Bach. Suzuki et son ensemble sont passés maîtres en la matière avec la connaissance approfondie de la musique chorale de Bach après en avoir enregistré presque la totalité entre temps, les cantates sacrées comprises. Suzuki a choisi le jeune tenor allemand Benjamin Bruns, qui faisait sa première apparition chez BIS, pour incarner l'Èvangéliste. Parmi les autres solistes se trouvaient aussi quelques noms familiers : Carolyn Sampson, Damien Guillon, Makoto Sakurada, Christian Immler...

La musique de l'Èglise orthodoxe russe faisait partie essentielle de l'héritage musical de Sergei Rachmaninov. Enfant, il a été particulièrement ému par le son des choeurs de la cathédrale de Saint Pétersbourg ; ainsi, les phrases rappelant le chant liturgique imprègnent sa musique. Ses Vêpres ont été longtemps admirées comme un sommet de la musique liturgique russe. Cette composition a malheureusement eu tendance à éclipser la Liturgie de Saint Jean Chrysostome, sa composition sacrée plus ancienne.

? la fin des années 1850, malgré son jeune âge, Saint-Saëns était déjà bien établi : en plus de son activité de pianiste virtuose, il a été nommé organiste de La Madeleine à Paris. Il composa rapidement sa Symphonie nÊ2 en la mineur : de juillet à septembre 1859. L'orchestration est transparente, et le premier mouvement comporte exceptionnellement une fugue à trois voix. Concise et constamment inventive, l'oeuvre s'éloigne des modèles viennois que Saint-Saëns admirait tant, avec un final qui rappelle la tarentelle de la Symphonie italienne de Mendelssohn. Le présent disque est le premier des deux consacrés aux symphonies de Saint-Saëns et enregistrés par l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège et Jean-Jacques Kantorow pour commémorer le centenaire de la mort du compositeur.

Prettuu Haapanen explore sans complexes les potentialités vocales jusqu'à leur paroxysme. Le compositeur finlandais propose des sonorités toujours plus riches du fait de sa conscience accrue des possibilités de l'appareil vocal humain. Curiosité intellectuelle et mixité des styles, Haapanen combine dans ses oeuvres sonorités traditionnelles de choeur et fascination ultra-moderne pour la palette technique vocale. Son utilisation du texte est originale, du fait de son intérêt pour les caractéristiques sonores des mots et la portée de sens qu'ils véhiculent. Le Helsinki Chamber Choir qui s'est déjà illustré dans le répertoire de la Renaissance tardive renoue avec son intérêt pour la nouvelle musique en mettant un pied dans le XXIème siècle. (Electre)

Dans la collection sur les oeuvres orchestrales d'Ottorino Respighi, John Neschling et l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège ont transporté les auditeurs vers des destinations aussi diverses que le Brésil (Impressione brasiliane) et la Jérusalem du roi Solomon (Belkis, Regina di Saba). Le présent disque rassemble trois oeuvres connues de Respighi, en plus de l'éternel Trilogie romaine. Composée pour un petit orchestre, le Trittico Botticelliano a toute la fraîcheur des fameuses peintures des maîtres de la Renaissance : La Primavera, L'adorazione dei Lagi, La nascita di Venere. Sous-titré "poème lyrique", Il tramonto était à l'origine composé pour voix et quatuor à cordes mais, comme c'est le cas ici, il est souvent joué avec un nombre plus important d'instruments à cordes. Ce disque se conclut sur les quatre Vetrate di Chiesa, trois d'entre eux étant originellement des préludes pour piano basés sur des thèmes grégoriens.