Après Polyeucte (1878), Gounod se mesure une dernière fois à l'opéra en 1881 avec son ouvrage sans doute le plus ambitieux : Le tribut de Zamora. L'action se passe au IXe siècle en Espagne et notamment, à partir de l'acte II, dans "un site pittoresque sur les rives de l'Oued El Kédir devant Cordoue". Occasion est donnée à Gounod - qu'on connaissait finalement mieux pour ses pastiches néoclassiques (Le médecin malgré lui et Cinq-mars) et son romantisme ardent (Faust et Roméo et Juliette) - de démontrer son talent d'orchestrateur et de coloriste dans un sujet exotique. Il livre un péplum dans la tradition du grand opéra français, avec force, morceaux d'ensemble et airs démonstratifs. Malgré un succès sans équivoque lors de sa création, malgré l'entêtant hymne national "Debout ! Enfants de l'Ibérie", Le tribut de Zamora sombra dans l'oubli en quelques décennies à peine. On appréciera précisément dans cet opéra ce que lui reprochèrent certains détracteurs : le lyrisme irrésistible de Faust et de Roméo et Juliette. (Electre)

Selon Berlioz, Spontini fut - après Gluck - le plus grand génie de la musique française à préparer le siècle romantique. Et peut-être la mal connue Olympie, que Spontini fit créer en 1819 - et qui fut reprise en 1826 sous le titre modifié Olimpie - marque-t-elle plus qu'on ne l'imagine encore le véritable bouleversement lyrique qui engagera l'opéra français sur les voies de la modernité du "grand opéra". De bout en bout, cette partition, ciselée par une instrumentation étonnante, est nourrie d'effets spectaculaires qui préfigurent à l'évidence Les Troyens de Berlioz. L'omniprésence d'un choeur pléthorique, la vaillance des interventions d'Antigone, le pathétique du rôle de Statira (imaginé pour Caroline Branchu, alors à son zénith), tout concourt à marquer les esprits au point d'avoir ému Berlioz aux larmes. L'un des premiers péplums du XIXe siècle, assurément. (Electre)

De La Reine de Chypre de Halévy (1841), Berlioz écrivit : "Son succès égalera au moins celui de La Juive." Wagner ajouta : "C'est dans La Reine de Chypre que la nouvelle manière d'Halévy s'est manifestée avec le plus d'éclat et de succès." Plusieurs voix - et non des moindres - se sont ainsi élevées pour désigner cet opéra, composé six ans après La Juive, de chef-d'oeuvre. Créé le 22 décembre 1841, l'opéra de Halévy faisait la part belle à Rosine Stoltz, rôle-titre et seule dame de la distribution, qu'on avait préféré isoler suite à ses incessants démêlés avec les autres chanteuses de la troupe. ? ses côtés brillait le ténor Gilbert Duprez dans le rôle de Gérard. La narration fait voyager le spectateur des palais de Venise à ceux de Chypre. Malgré un grand succès que confirment diverses traductions et adaptations réalisées dans la foulée de la création (notamment Caterina Cornaro de Lachner en 1841, et celle de Donizetti en 1843), l'ouvrage a peu à peu disparu des scènes européennes. (Electre)

Recueil de huit contributions sur la personnalité et l'oeuvre de G. Charpentier. Elles portent sur son opéra le plus connu, Louise, mais également sur d'autres pièces comme la cantate Didon, les deux envois de Rome, ses mélodies, ainsi que sur ses relations avec d'autres personnalités emblématiques telles que H. Berlioz, J. Massenet ou R. Hahn.

Dans ses Mémoires, le compositeur (1818-1893) retrace sa jeunesse jusqu'à la création de Faust, en 1859. Pour suivre le parcours de l'artiste jusqu'à son terme, la présente édition propose des compléments empruntés à son abondante correspondance, à ses différents écrits sur Berlioz, Rossini ou Wagner et au livre de Georgina Weldon, L'autobiographie de Charles Gounod. ©Electre 2018

Deux fillettes, l'une de haute naissance, l'autre d'origine plus modeste, mélangées dans leur bain et élevées comme deux jumelles, un projet de mariage imminent ; des premiers émois amoureux et quelques intrigues... C'est sur cet amusant canevas signé Albert Vanloo et Georges Duval qu'André Messager compose une partition aussi gracieuse que tonique. Les mélodies, simples et élégantes, séduisent immédiatement par leur harmonisation et leur instrumentation qui en font tout le charme. La création des P'tites Michu aux Bouffes-Parisiens, le 16 novembre 1897, est un succès immédiat. La distribution réunit deux immenses vedettes de la scène parisienne dans les rôles titres, Alice Bonheur (Marie-Blanche) et Odette Dulac (Blanche-Marie). Chacun des morceaux de l'ouvrage devient très vite un "air à succès", en particulier le duetto Blanche-Marie et Marie-Blanche. Après plus de 150 représentations dans la capitale, l'oeuvre gagne les provinces puis l'étranger (sous les titres de The Little Michus ou Die kleinen Michu), achevant 20 ans plus tard sa carrière à Broadway. (Electre)

Icône du romantisme français grâce au succès ininterrompu de Faust et de Roméo et Juliette, Charles Gounod s'est présenté à trois reprises au concours du Prix de Rome entre 1837 et 1839. Il écrivit dans ce contexte des cantates pour solistes et orchestre demeurées inédites, dont Marie Stuart et Rizzio et La Vendetta que le compositeur n'eut jamais l'occasion d'entendre. Révélées pour la première fois, ces pages au romantisme haletant témoignent des dispositions exceptionnelles de leur jeune auteur pour la musique lyrique. Devenu pensionnaire de la prestigieuse Villa Médicis en 1840, ayant remporté le Premier Prix avec Fernand, Gounod y compose alors plusieurs pièces de musique sacrée, elles aussi restées inconnues. La splendide Messe vocale, écrite dans un style néo-palestrinien pour choeur a cappella, mérite de figurer désormais au programme de tous les choeurs. (Electre)

Une biographie du compositeur et chef d'orchestre français (1853-1929) passant en revue sa formation, ses compositions et les oeuvres qu'il a dirigées. ©Electre 2018

Cest à un de leurs poèmes symphoniques que bien des compositeurs romantiques doivent leur célébrité. Les quinze titres proposés à travers cet enregistrement permettent de découvrir, aux côtés des chefs-doeuvre français du genre, quatre inédits et des raretés signées par des compositrices. Lorchestre national de lyon, grand défenseur de la musique romantique française, offre une palette de couleurs chatoyantes sous la baguette de nikolaj szeps-znaider et nous raconte en musique la légende de merlin lenchanteur, le conte de la belle au bois dormant et les mésaventures de lApprenti sorcier.

Camille Saint-Saëns, artiste globe-trotter, compose en 1872 La Princesse jaune ; l'oeuvre illustre l'engouement japonisant du moment. Kornélis, campé par le ténor Mathias Vidal, ne rêve que pays du Soleil-Levant. Sous emprise d'un philtre hallucinogène, il s'éprend de Ming, princesse fantasmée. Sa cousine Léna - la soprano Judith van Wanroij - se désespère de cette passion et n'ose avouer ses propres sentiments à Kornélis, qui reviendra à la raison. La durée de cet opéra permet à cet enregistrement d'offrir, en complément lyrique, une version inédite des six Mélodies persanes de Saint-Saëns, donnant l'occasion de tirer différemment le fil d'un exotisme tourné vers d'autres horizons. Ces oeuvres sont portées par l'Orchestre national du Capitole de Toulouse, sous la baguette de Leo Hussain.

Normandie, Années folles. Rencontres amoureuses, changements d'identité et rebondissements spirituels inattendus : avec Passionnément, André Messager se place à mi-chemin entre le café-concert, la musique américaine et l'opérette. La partition est portée avec fougue par Véronique Gens, tienne Dupuis, Nicole Car et une équipe de solistes enthousiastes accompagnés par le Munchner Rundfunkorchester, sous la direction de Stefan Blunier. Aussi spirituel que la musique de Messager, le livret, aux allures de théâtre de boulevard, offre ici un véritable manifeste de l'esprit français au sortir de la Première Guerre Mondiale.

Spécialiste du Grand Opéra français, Marc Minkowski enregistre enfin le joyau du genre que constitue Robert le Diable. Succès triomphal dès sa création en novembre 1831, l'oeuvre subjugue ses contemporains et influence jusqu'à Verdi et Wagner. Une distribution internationale d'envergure porte cette pierre angulaire du répertoire.

Une tragédie lyrique en trois actes représentée pour la première fois, par l'Académie royale de musique, le mardi 25 février 1783. Avec Renaud (1783), Sacchini fait ses débuts sur la scène parisienne. Les critiques des partisans de Gluck et de Puccini - ses rivaux - fusent de toutes parts... et pourtant Renaud est un succès. Sacchini devient alors le nouveau favori de Marie-Antoinette. Encouragé par le public, qui voit en lui l'un des meilleurs auteurs du moment, il enrichit le répertoire de l'Opéra de plusieurs chefs-d'oeuvre. Certains resteront à la scène pendant de longues années, tel Renaud, joué presque sans interruption jusqu'en 1799 et repris en 1815. Cet enregistrement a été réalisé à l'Arsenal de Metz en octobre 2012. (Electre)

Chaque livre-disque de la collection Portraits est consacré à un compositeur français aujourd'hui oublié. Il présente, en associant le talent de nombreux artistes, un panorama musical varié de son oeuvre. Le portrait de Félicien David se propose de compléter la discographie déjà disponible par des premiers enregistrements mondiaux d'ouvrages importants du compositeur. On découvrira notamment une partie de son catalogue symphonique, en particulier la Symphonie N°3 et l'ouverture de son opéra-comique La perle du Brésil, oeuvre qui lança véritablement le compositeur dans la carrière lyrique. Mais c'est surtout le Christophe Colomb de 1847 qui doit être signalé, car cette ode-symphonie avec récitant prolonge ambitieusement le succès du Désert, donné au Théâtre-Italien quelques années auparavant. Ce livre-disque n'oublie pas, néanmoins, que Félicien David fut aussi un homme de salon apprécié pour sa musique intimiste et en particulier ses mélodies. (Electre)

Chaque livre-disque de la collection "Portraits" est consacré à un compositeur français aujourd'hui oublié et présente, en associant le talent de nombreux artistes, un panorama musical varié de son oeuvre. Tiraillé entre France et Allemagne à la suite d'aléas politiques, le compositeur lorrain Théodore Gouvy ne fut reconnu par aucune des deux nations après sa mort. Son oeuvre est pourtant capitale, s'inspirant du style passionné de Mendelssohn, magnifié par la noblesse de l'académisme français. Un choix significatif d'oeuvres (la plupart inédites) est présenté dans un livre-CD aux approches multiples : biographie, extraits de lettres, mais aussi articles discutant du style et de la personnalité du compositeur. (Electre)

Jules Verne inspire le livret de cet opéra-féerie d'Offenbach créé en 1875. L'engouement des Parisiens pour ce genre s'explique par d'impressionnants effets scénographiques : pour Le Voyage dans la Lune, deux ballets et une vingtaine de décors font voyager le spectateur entre la Terre et son satellite, recréant successivement l'Observatoire de Paris, un haut-fourneau en activité ou l'intérieur d'un volcan en éruption. L'oeuvre est émaillée de personnages loufoques et de lieux imaginaires : paysage lunaire, palais de verre, galeries de nacre... On emprunta même un dromadaire et une autruche au Jardin d'acclimatation ! Pour accompagner ce déploiement scénographique, Offenbach accumule les morceaux à succès, interprétés avec humour et énergie par une équipe de solistes enthousiastes. Le Choeur et Orchestre national Montpellier Occitanie est placé sous la baguette subtile et précise de Pierre Dumoussaud.

La Périchole d'Offenbach (1868) n'en finira jamais de séduire les mélomanes de tous horizons. Marc Minkowski - depuis longtemps prophète du compositeur - a souhaité lui rendre hommage avec ce premier enregistrement mondial sur instruments historiques, en compagnie de la jeune école de chant française, dont l'enjôleuse Aude Extrémo, le fringuant Stanislas de Barbeyrac et le désopilant Alexandre Duhamel. Mêlant les rythmes à la mode aux folklores les plus inattendus, la partition est un déluge de morceaux à succès. Comment ne pas se laisser convaincre par l'insolence de la "séguedille", la frénésie des "couplets-boléro" ou le rythme endiablé du trio de la prison ? Jamais, peut-être, Offenbach n'a poussé si loin la caricature du pouvoir politique... et résolu dans l'ivresse l'imbroglio de relations sentimentales inextricables. L'air de la "griserie" est d'ailleurs l'un des plus connus de son auteur. Santé ! (Electre)