Nommé il y a un an à la tête du numéro trois mondial des télécommunications, Serge Tchuruk a accepté une des missions les plus difficiles de l'industrie française : redresser une entreprise en déconfiture, redonner le moral à une équipe secouée par les affaires judiciaires et définir une stratégie à long terme.

En cinq mois, Lionel Jospin a tranché un dossier qu'Alain Juppé avait mis dix-huit mois à embrouiller. La privatisation prudente de Thomson, adossé au géant Alcatel, donne le coup d'envoi d'un grand mouvement européen de concentration dans la défense et l'aéronautique...

A la veille de le nouvelle tentative de privatisation de Thomson-CSF, le patron de Matra et celui d'Alcatel fourbissent leurs armes. Avec toujours autant de hargne.

Matra et Alcatel-Alsthom présentent ces jours-ci leurs offres définitives de reprise de Thomson. Et si tout était joué d'avance ?

En échange de ses activités dans la presse ("l'Express", "le Point") et l'édition, Alcatel-Alsthom devient le principal actionnaire d'Havas. Ainsi renforcé et adossé à l'un des tout premiers spécialistes mondiaux du téléphone, le groupe de Pierre Dauzier disposera quant à lui des moyens et des compétences pour entrer dans la bataille...

Lui seul pouvait succéder à Pierre Suard. C'est la conclusion à laquelle sont arrivés les admnistrateurs d'Alcatel-Alsthom. Récit d'une succession en catastrophe sur fond d'affaires judiciaires.

Pierre Suard n'a pas seulement entraîné Alcatel-Alsthom dans son naufrage, mais aussi une certaine forme archaïque, du capitalisme à la française : arrogant, élitiste, opaque, dépendant de l'Etat, fermé sur lui-même et ouvert à tous les dérapages...

Doit-il partir ? Depuis des semaines, la question était dans l'air. Un juge l'a tranchée. Sous le coup de trois mises en examen et d'un contrôle judiciaire, le patron d'Alcatel-Alsthom est dans l'incapacité d'exercer ses fonctions...