Par ignorance et préjugés dus aux troubles politiques et militaires qui jalonnèrent les dix siècles de l'Egypte tardive (1069-30 avant notre ère), on a longtemps cru au déclin de la production artistique de ce ″crépuscule des pharaons″. On sait aujourd'hui qu'il n'en fut rien, l'alternance au pouvoir des dynasties indigènes et des envahisseurs libyens, kouchites, perses et grecs ayant généré un réel dynamisme de la création et un savoir-faire technique très élevé.

Après l'apogée du Nouvel Empire (1550-1069 avant J.-C.), le royaume du Nil devait aborder son dernier millénaire d'existence sous le signe des invasions étrangères et de la division entre Haute et Basse Egypte. Cette histoire politique troublée a longtemps laissé croire que les dix derniers siècles de l'Egypte pharaonique n'avaient été qu'un lent déclin, indigne d'intérêt. ″Le Crépuscule des pharaons″, formidable exposition présentée actuellement au musée Jacquemart-André, à Paris, présente des chefs-d'oeuvre qui démentent définitivement ce jugement, du moins du point de vue artistique.

Il n'y a jamais eu d'exposition antérieure du dessin dans l'art égyptien au temps des Pharaons. Aujourd'hui, au Louvre, se présentent 186 oeuvres rassemblées. Environ 80 oeuvres sont des prêts exceptionnels, venus des musées étrangers.

C'est à la période la moins appréciée de l'histoire égyptienne antique que le musée Jacquemart-André ouvre tout grand ses portes. Le dernier millénaire, entre 1069 et 30 av. J.-C., est celui des guerres incessantes, des changements politiques et dynastiques complexes ; loin d'être un temps de décadence artistique, il se révèle celui d'une renaissance sans pareille. Une révélation.

La vitalité et la richesse de l'art sous les dernières dynasties égyptiennes. Au musée Jacquemart-André.