Comment les autoroutes gagnent à tous les coups. Enquête

Au côté de notre réseau autoroutier s'est développé un tout autre réseau, souterrain ou aérien, sans péage et discret... Secondaire pour nous, il est pourtant essentiel à son usagère : la faune. Mais qui emprunte cet itinéraire bis ? A l'aide de son matériel photo, Emmanuel Rondeau est parti enquêter.

Thonon-Annemasse, Grenoble-Sisteron, Clermont-Ferrand-Bordeaux : hors de prix, désertes ou carrément inutiles, les nouvelles liaisons du plan autoroutier tissent imperturbablement leur toile sur tout le territoire.

Elles ont leur mystère, leur pittoresque et leur légende, qui ne sont certes pas ceux des départementales d'antan, mais qui sont devenus les nouveaux mots de passe de la France en vacances...

La vente des trois réseaux publics rapportera 12 milliards. Mais qui financera les grands projets de transport de demain ?

L'Etat renfloue ses caisses en cédant ses réseaux à un prix discutable. Une mauvaise nouvelle pour les usagers.

De Lille à Marseille ou de Bordeaux à Strasbourg, il suffit de régler son autoradio en FM sur 107.7 MHz pour tout connaître des conditions de circulation autoroutières. Par quelle magie des émissions FM, dont la portée est habituellement limitée à quelques dizaines de kilomètres, couvrent-elles de si grandes étendues ?

Amorcée par le gouvernement de M. Lionel Jospin, puis généralisée sous celui de M. Dominique de Villepin, la privatisation des autoroutes illustre le capitalisme de connivence à la française. L'Etat impose le système coûteux du péage, assume l'essentiel des risques, puis organise la captation de la rente par les grands groupes.

Focus en mars 2016 sur l'étendue de l'influence et de la puissance économique de Vinci, groupe français à rayonnement international de BTP, à travers une sélection de 6 adresses emblématiques de son assise, de son rayonnement auprès des pouvoirs publics français, de ses relais à l'international. Un moyen d'illustrer la stratégie inchangée de Vinci (ex-SGE, société générale d'entreprise) articulée autour de 2 piliers : la conquête de marchés publics de travaux ; l'attribution de concessions d'infrastructures, assurant des rentes de gestion à long terme.

Critiques tous azimuts début 2015 à l'encontre du groupe français Vinci qui, avec ses 2,5 milliards d'euros de résultat net et ses 38,7 mds de CA en 2014, domine les autoroutes, le BTP, les aéroports... L'autorité de la concurrence, le gouvernement, les députés, les associations de consommateurs, les élus locaux et même les altermondialistes, la fronde grandit et fait rage contre le groupe à qui l'on reproche des profits assimilables à des rentes sur l'ensemble de ses activités.