Nous étions, pour notre numéro 31 de "dBD" paru en mars 2009, allés interroger André Chéret à son domicile. Il était alors amusant d'imaginer que, dans ce modeste pavillon situé dans le village de La Ferté-Saint-Cyr en Loir-et-Cher, qui a baptisé son école primaire du nom de Rahan, vivait au quotidien sous son crayon l'un des personnages les plus emblématiques de la bande dessinée. Le dessinateur de cette saga mythique imaginée avec Roger Lécureux s'était montré accueillant et disert.

L'écho très large du décès d'André Chéret, le 5 mars 2020, a été tout aussi surprenant qu'émouvant, en plein début de crise du coronavirus. Le ton des hommages d'auteurs comme Blutch, Christophe Blain... et ceux parus dans l'ensemble des médias démentent l'idée d'un auteur dépassé. Si l'on n'est pas surpris de l'hommage de "L'Humanité", celui des "Figaro", "L'Express" ou "Le Monde", moins populaires et aux lignes politiques éloignées des discours du « fils de Craô »sont d'autant plus intéressants.