Qu'ils se nomment Germaine de Staël, François-René de Chateaubriand ou Benjamin Constant, tous trois furent marqués par la révolution française et Napoléon, son héritier naturel. Germaine de Staël retirée à Coppet. Chateaubriand rejeté sur les côtes anglaises dans un exil douloureux de 1793 à 1800. L'opportuniste Benjamin Constant, d'abord rallié à Napoléon Bonaparte, puis exclu du Tribunat et réfugié à Coppet.

"Attendu ma femme. Rien fait. Fichue vie" (p. 607), note Constant, enfin marié selon son voeu le plus cher et qui se voit alors en Georges Dandin qui, lui aussi, a "voulu" épouser. Dans l'épisode de sa délirante toquade pour Mme Récamier, Benjamin finit par révoquer "ce fichu besoin d'aimer" que lui a donné Juliette (p. 681). Et il en va ainsi à peu près pour tout, au long des sept cents pages "Journaux intimes", si bien que le lecteur peut raisonnablement penser qu'il a affaire à un "fichu" livre...