Cette jeune fille sensible dont la vie s'écoulait harmonieusement à Caen s'enflamma vite pour l'idéal de la jeune République. Aussi, lorsqu'elle fut le témoin des massacres de 1792 dans sa ville, et qu'elle apprit ceux de Paris commandés par Marat, polarisa-t-elle sa haine sur ce bourreau sanguinaire. Elle décida de sacrifier sa vie en tuant ce despote responsable de tous les malheurs de la nation. Etude d'une "âme" et de ses motivations plutôt qu'une biographie traditionnelle.

En assassinant Marat, le 13 juillet 1793, cette provinciale d'origine aristocratique, profondément républicaine, espérait susciter une prise de conscience qui pourrait arrêter la terreur et la violence qui déchirent alors la France.Ouvrage construit avec habileté, aux citations bien amenées, brossant en parallèle les portraits de cette idéaliste éprise d'absolu et de sa "victime".

Par contraste avec Marat, donné à voir ici comme "l'homme du ressentiment", se servant de la Révolution pour régler des comptes personnels, Charlotte Corday est présentée comme une figure de la morale et de la vertu : elle dit clairement son républicanisme, son mépris de la faiblesse du roi, peste contre le dévoiement de l'esprit de 1789. Evocation en forme de réhabilitation.