Notoirement corrompu, le Premier ministre Thaksin Shinawatra a été renversé par un coup d'Etat. Les militaires s'affirment déterminés à rendre rapidement le pouvoir aux civils. Faut-ils les croire ?

La population thaïlandaise semble soulagée que le bras de fer entre Thaksin et l'establishment citadin soit enfin terminé. Mais, pour réinstaurer durablement la démocratie, il faudra prendre le peuple en compte.

Le coup d'Etat de septembre 2006 a souligné les fractures qui demeurent entre les élites urbaines et la population rurale. Les généraux entendent jouer de ce clivage pour se maintenir au pouvoir.

Soutien indéfectible de la monarchie, le général Prayuth Chanocha a confisqué le pouvoir pour mettre fin à une crise politique sans issue. Problème : il n'envisage pas de le rendre de sitôt.

Comme Thaksin, son frère, Yingluck a été renversée par un coup d'Etat militaire. Depuis près d'un an, la junte au pouvoir s'acharne contre elle. Finira-t-elle derrière les barreaux ?

La condamnation de l'ancienne Première ministre Yingluck Shinawatra par des parlementaires aux ordres de la junte militaire ne sert qu'à justifier le putsch.

Deux ans après le coup d'Etat, certains Thaïlandais quittent une société devenue de plus en plus étouffante. La junte n'a pas réussi à réduire les fractures, bien au contraire.

Le 19 septembre 2006, le général Sonthi a renversé le pouvoir.

Généralement plus prolixes, les chancelleries occidentales ont accueilli le putsch des généraux thaïlandais avec la plus grande discrétion. Après avoir instauré la loi martiale, le 20 mai 2014, puis écarté les principaux responsables politiques deux jours plus tard, l'armée exerce la totalité du pouvoir. Derrière une neutralité de façade, elle fait le jeu des élites de Bangkok, régulièrement défaites aux élections.

Au bout du compte, néanmoins, la démocratie signifie vraiment le pouvoir d'une majorité, avec certains garde-fous pour protéger les minorités. Cela doit être la base de tout contrat politique sur la durée. Ce n'est pas ce modèle qui est susceptible d'émerger des règles du jeu édictées par les généraux.

L'ancien chef de la garde de la reine, Prayut Chan-Ocha, devait rendre l'uniforme. Et puis...