Réinventer une mondialisation soucieuse de réduire enfin inégalités et injustices : autour d'un même projet politique, la juriste Mireille Delmas-Marty et le philosophe Alain Renaut posent chacun les bases d'un nouvel humanisme juridique et moral.

Cette femme de convictions s'efforce depuis de nombreuses années de penser le droit à l'heure de la mondialisation. Dans l'ouvrage qu'elle vient de faire paraître, "Aux quatre vents du monde", elle passe au crible des thèmes qui seront au coeur de la prochaine campagne présidentielle : guerre contre le terrorisme, état d'urgence, immigration... Et si certains s'en inspiraient ?

Le droit peut-il être non seulement déformé, mais véritablement déformant, porteur de sa propre négation en ne progressant que par un insoutenable paradoxe ? Est-il délirant au sens étymologique du terme, en sortant de de son sillon rectiligne ? Tel le chat de Lewis Caroll, disparaissant en ne laissant que son sourire, il serait vidé de sa substance en ne laissant qu'une grimace de cauchemar. Sous un titre d'une parfaite sobriété, le livre de Mireille Delmas-Marty est pourtant évocateur de l'image sombre d'une déshumanisation du droit.

Nous voici en possession du dernier tome, le quatrième, d'une oeuvre entreprise il y a près de dix ans, oeuvre qui analyse avec une érudition remarquable le rôle du droit dans la société mondiale. Le parcours s'achève donc par un questionnement sur ce droit (le point d'interrogation du titre est important) et sur sa capacité à exprimer et garantir une communauté de valeurs à l'échelle de l'humanité. La réflexion est déployée sur deux versants. Sur l'un, Mireille Delmas-Marty passe en revue les interdits fondateurs et analyse leur rôle.