La bataille qui éclate le 13 mars et s’achève le 7 mai 1954 ne fut prévue ni par le Viêt-minh ni par les généraux français. Car, dans cet événement qui hâte la fin de la guerre d’Indochine, les plans initiaux militaires et politiques ont été contrecarrés.

La guerre d'Indochine fait rage depuis 1946, opposant les forces coloniales françaises aux indépendantistes du Viêt Minh. Pour contrer les avancées de ce dernier dans le nord du Vietnam, l'armée française installe une base en plein territoire ennemi, à Diên Biên Phu. Cette stratégie se transforme en piège : les troupes du général Vo Nguyen Giap (1911-2013) lancent l'assaut le 13 mars 1954 et conquièrent le camp en trois opérations, jusqu'à sa chute en mai. Deux mois plus tard, le 20 juillet, le conflit prend fin avec la signature des accords de Genève.

Il y a soixante-dix ans, William Schilardi, Henri Ploskonka et Alexandre Donoso faisaient partie des soldats français défaits lors de la célèbre bataille indochinoise. Faits prisonniers par l'armée du Vietminh, ces derniers témoins racontent les morts, les blessures à vif, les ventres affamés, la rééducation forcée... Un enfer dont ces nonagénaires ne sont jamais totalement revenus.

Du 13 mars au 7 mai 1954, les troupes du général de Castries, cernées par les Vietnamiens, affrontent l'enfer : dans la « cuvette » du Tonkin, l'empire colonial français chancelle.