Cette femme de tête et de feu, qui venait des bords de la Volga, fut la femme de Paul Eluard et de Salvador Dali, qu'elle lança sur l'échiquier du Tout-Paris et vers les cimaises. D. Bona nous en trace un portrait pénétrant, passionnant.

Le goût de Paul Eluard pour les arts, son engagement dans le mouvement surréaliste et sa longue amitié avec Max Ernst sont évoqués à travers leur correspondance et les livres qu'ils réalisèrent ensemble.

" Faites mon portrait. Il se modifiera pour remplir tous les vides ", écrivait Paul Eluard en 1922, après avoir rencontré Max Ernst. La biographie de Jean-Charles Gateau ne procède pas autrement, comblant patiemment presque tous les vides et dessinant, derrière la figure trop familière d'un des poètes les plus présents du vingtième siècle, le portrait d'un homme authentiquement contradictoire... Qu'Eluard ait été, plus publiquement, un ami inconstant et changeant, cela pouvait, jusqu'à la seconde guerre mondiale, relever de la liberté de penser et d'agir surréaliste. Mais l'arrogante violence avec laquelle il est passé sans vergogne de l'admiration à la haine, de la défense à l'accusation envers ceux-là mêmes, comme Tristan Tzara ou André Breton, qui avaient " libéré sa pensée ", ne laisse pas d'étonner. Mais c'est dans le domaine moral et politique qu'Eluard se révéla le plus ambigu... extr. : in le Monde, 23-08-1988