Innover en 2013, c'est confirmer l'existence des amateurs aux côtés des spécialistes pour ″crowdsourcer″ les données patrimoniales mises en ligne. Pour les spécialistes, cependant, la question de la formation devient cruciale alors qu'ils tentent le grand écart périlleux entre expertise sur les fonds, spécialité sur les outils, et invention d'une nouvelle médiation que le numérique impose. Innover, aussi, c'est admettre que le patrimoine est à tout le monde et que chacun peut se l'approprier comme il l'entend.

Qu'elles les nomment visite virtuelle ou parcours de découverte, les institutions culturelles proposent fréquemment à leurs visiteurs de visualiser les oeuvres qu'elles détiennent par le biais de leurs sites Web. Ces présentations jouent sur le rapport à l'espace et sur le déplacement pour permettre au visiteur de feuilleter les collections ainsi mises en scène et mises en textes.

Point, en septembre 2011, sur les galeries d'art virtuelles en France, apparues au début des années 2000, qui permettent de consulter les oeuvres d'une galerie et de les acheter en ligne. Les galeries virtuelles se fixent les mêmes missions que les galeries traditionnelles, et se démarquent par une sélection d'oeuvres différente et un panel d'artistes plus large. Malgré ses avantages, les ventes en ligne restent très marginales, car avant d'acquérir une oeuvre, les amateurs préfèrent dans la plupart des cas les voir de leurs propres yeux.

Le grand collectionneur britannique d'art contemporain vient de lancer un site Internet sur lequel les artistes peuvent mettre eux-mêmes leurs oeuvres en ligne. Il attire 3 millions de visiteurs chaque jour.

L'Institut culturel de Google a ouvert ses bureaux parisiens - son « Lab » - au mois de décembre 2013 en l'absence de notre ministre de la Culture, absence qui a donné à cette inauguration un certain retentissement. L'entrée de Google sur la scène culturelle française inquiète. L'Etat a peur de s'empêtrer dans les intérêts de l'industrie numérique américaine et de cautionner la prolifération en France d'intérêts privés et étrangers. Joue aussi un réflexe conservateur et protectionniste, corollaire fréquent du militantisme en faveur de l'exception culturelle.

Depuis les années 1960, les arts plastiques n'ont eu de cesse de sortir de la problématique traditionnelle de l'objet d'art afin de développer des situations d'expérience esthétique : « installation », « in situ », « environnement », « dispositif ». L'implication du spectateur dans l'oeuvre a d'abord été une question de « coprésence » (art minimal), puis s'est développée avec la mise en oeuvre de l'image même du spectateur (installation vidéo en circuit fermé). A ces principes s'ajoute aujourd'hui, grâce à l'interactivité, l'intégration des mouvements et des gestes des spectateurs.