Après seize ans d'absence, il signe sans crier gare l'un des films américains les plus acclamés de la saison. Elle trouve ici l'un des rôles de sa vie. Mesdames et Messieurs : Todd Field et Cate Blanchett, le réalisateur et la star de "Tar", sous vos applaudissements.

Une cheffe d'orchestre au sommet de la gloire perd pied lorsqu'elle est accusée de harcèlement. Cate Blanchett, extraordinaire, sublime ce film d'une maîtrise folle.

C'est un film qui commence par la fin et qui le fait à deux reprises. La première par un écran de téléphone portable filmant une femme assoupie dans un avion, objet d'une mystérieuse conversation par textos interposés ; la seconde, par un plan sur le visage de cette femme avant qu'elle n'entre en scène pour délivrer une master-class.

Cheffe de réputation internationale, Lydia Tar mène à la baguette un orchestre symphonique allemand et distille son enseignement à des disciples zélés. Alors qu'elle se prépare à publier ses mémoires et à diriger un concerto extrait de la "Cinquième Symphonie" de Gustav Mahler, des nuages s'amoncellent au-dessus de sa tête qui semblent annonciateurs de sa déchéance imminente...

Reconnue comme l'une des actrices les plus douées de sa génération, l'australienne s'offre à 53 ans un nouveau rôle d'anthologie avec "Tàr", de Todd Field, tout juste sorti en salle. Dotée d'une capacité hors norme à s'effacer derrière ses personnages et à en saisir le moindre détail, Cate Blanchett perfectionne de film en film un jeu nuancé et épuré. son interprétation d'une cheffe d'orchestre de génie pourrait valoir à la comédienne un troisième oscar, après des prix à venise et aux golden globes.

Quand la rumeur de la Mostra vénitienne nous a alertés sur "Tar", il a fallu faire un effort de mémoire pour se souvenir que son metteur en scène avait déjà réalisé deux films remarquables, dont le dernier date de plus de quinze ans. Todd Field a une prédilection pour des personnages de femmes fortes, complexes, contradictoires, et il a le talent pour les faire incarner par des actrices exceptionnelles : Sissy Spacek dans "In the Bedroom" (2002), puis Kate Winslet dans "Little Children" (2006).