Partant des récits des anciens du village agricole de sa famille, Safi Faye mêle la mise en image des mythes et les échos de la politique contemporaine, les rituels et les scènes de la vie de tous les jours, les reconstitutions et les séquences ethnographiques. Faye réussit cette étourdissante opération à plusieurs niveaux grâce à une extrême sensibilité aux changements de rythme, à la sensualité des mouvements et au graphisme de l'image, qui vient par moments s'imprimer sur la rétine avec la force du cinéma muet.

Le centenaire de la naissance de Jean Rouch, en 2017, nous avait déjà valu quelques bonnes surprises. Il en restait quelques autres en rayon, comme le prouve ce nouveau coffret des Editions Montparnasse qui contient quelque vingt-six films de format court, moyen ou long, échelonnés sur près de quarante ans, de 1960 à 1997. Ce sont pour la plupart des raretés, parfois non répertoriées dans les filmographies, souvent parcellaires il est vrai, des dictionnaires de cinéma, sans parler des approximations qui prolifèrent sur les sites Internet.

A l'occasion du centenaire de sa naissance, six films du cinéaste ethnologue ressortent en salle. Retour sur une oeuvre entre cinéma-vérité et anthropologie visuelle.

Si l'oeuvre, la démarche et les pratiques du vibrionnant « mage blanc » font encore polémique, l'ethnocinéaste Jean Rouch est célébré partout pour les 100 ans de sa naissance.

Dès les années 40, Jean Rouch a effectué des missions d'étude en Afrique et commencé à réaliser des reportages documentaires en 16 mm. En 1949, "Initiation à la danse des possédés" remporte le Grand Prix du Festival du film maudit à Biarritz. Il ne cessera plus d'être au centre d'une pratique cinématographique qui va influencer de par le monde les tenants de la modernité et provoquer des débats intenses.

A l'occasion du 100e anniversaire de sa naissance, Cyril Béghin et Camille Bui nous replongent dans le travail de Jean Rouch, le cinéaste-ethnologue, s'interrogent sur ses intentions, soulignent sa maîtrise technique, observent sa notoriété.

Jean Rouch est mort au crépuscule, à l'est du Niger, un pays qu'il adorait, dans un accident de voiture en 2004, à l'âge de quatre-vingt-six ans. Il était né le 31 mai 1917. Rouch fut un grand savant avant de devenir un grand poète. Docteur ès-lettres, ingénieur civil, ethnologue, attaché au CNRS et au musée de l'Homme, il a parcouru l'Afrique pendant plus de soixante ans pour en faire un portrait intime, amoureux, fraternel.