C'est en 1929, à l'âge de quatre ans, que Gore Vidal vit son premier film parlant. A dix ans, le Songe d'une nuit d'été aiguisa son appétit pour toutes les pièces de Shakespeare, et Mickey Rooney fit naître en lui le rêve chimérique de devenir acteur. Pourtant, ce sont les films sur l'histoire qui lui ont laissé le plus vif souvenir. Suivant ses propres termes, le Prince et le Pauvre et l'Invincible Armada, par exemple, " m'ouvrirent la porte du passé où je passai ma vie durant une si longue partie de mon présent ". Auteur de Burr, Lincoln et d'autres romans où il se fait le chroniqueur de l'expérience américaine, Gore Vidal entremêle ici les souvenirs attendris des films savourés dans les grands cinémas du Washington de son enfance de bribes d'autobiographie et d'observations caustiques sur la vie politique américaine. Jamais auparavant il n'avait si bien évoqué les forces réelles ou imaginaires qui ont façonné l'Amérique du XXe siècle. Nous voyons un Vidal témoin de l'histoire tandis que son grand-père prête serment pour son quatrième mandat de sénateur en pleine crise des années 30; nous le voyons qui fait l'histoire, jeune pilote de dix ans, sous l'oeil vigilant de son père, directeur de l'aviation sous F.D. Roosevelt; et nous revisitons avec lui les salles obscures des années 30 et 40, où l'histoire portée à l'écran transformait souvent la réalité en fantaisie, voire carrément en propagande. Plein d'anecdotes sur la famille de l'auteur et les personnalités qu'il a connues, l'Histoire à l'écran saisit particulièrement bien l'emprise qu'exerça le cinéma sur l'imagination américaine et l'empreinte qu'il laissa sur l'esprit d'un adolescent appelé à devenir l'une des figures littéraires les mieux connues et les plus controversées de son temps.

A travers les citations de 300 films (Le cuirassé Potemkine, Spartacus, Perceval le Gallois, La passion Béatrice...), M. Ferro montre comment le cinéma a reconstitué l'Histoire, faisant du 7e art un support d'idéologie et de propagande et invite à réfléchir sur la représentation du passé, du présent et de l'avenir au cinéma.

Quand les grands magnats du cinéma hollywoodien et italien revoient et corrigent l'histoire antique, cela donne les plus célèbres péplums de l'histoire du cinéma. (Livres Hebdo)

Après avoir brièvement retracé l'histoire du film historique, l'auteur consacre une page à chacune des oeuvres les plus importantes : indications techniques, thème et commentaire.

Essai sur la rencontre du cinéma et de l'histoire et sur le goût des metteurs en scène pour les reconstitutions historiques. Analysant le cinéma des années 1950, la nouvelle vague, le cinéma russe d'après le communisme, les films hollywoodiens post-11 septembre 2001, l'auteur montre combien la forme cinématographique se révèle de part en part historique et le cinéaste, un historien privilégié.

Depuis les années 1980, on assiste à un renouveau cinématographique et télévisuel du film en costumes dont témoignent des productions aussi diverses que Camille Claudel, Cyrano de Bergerac, La Reine Margot, Saint-Cyr, Le Pacte des Loups ou Un long dimanche de fiançailles pour le grand écran, et La Rivière Espérance, Le Comte de Monte-Cristo, Colette, Princesse Marie ou Les Rois maudits pour le petit écran. Cet ensemble, qui recouvre aussi bien des films d'auteur que des films populaires, des téléfilms unitaires que des mini-séries et des feuilletons, a fait l'objet de très peu d'études en France. Sa forte intermédialité, sa volonté de reconstitution ou de célébration du passé, lointain ou proche, son esthétique muséale, ses fonctions mémorielles et identitaires permettent de l'identifier comme un genre spécifique du cinéma et de la télévision française contemporaine : la " fiction patrimoniale ", terme choisi en référence au " heritage film " anglo-saxon et en résonance avec l'engouement contemporain pour le patrimoine. Cet ouvrage se propose donc d'explorer les dimensions culturelles, esthétiques et historiques du genre, à travers ses manifestations cinématographiques et télévisuelles et les interactions entre les deux médias. Il analyse également la modification et la réappropriation du discours historique par ces films, ainsi que la construction des identités sexuées, et les relations entre la fiction patrimoniale et d'autres types de discours et de pratiques comme le tourisme, le fait divers, le théâtre de boulevard.

L'auteur se penche sur les trois manières d'envisager les rapports entre le cinéma et l'histoire : reconstitution de l'histoire par le cinéma (films historiques, enquêtes documentaires, montages de documents) ; irruption de l'histoire dans la matière même du film ; travail de l'historien et du cinéaste sur la réalité par certains points homologues.