Tout le monde n'entre pas dans le XXIe siècle à venir un sourire béat aux lèvres et la fleur au computer. Il reste des gens coupables, ou capables, de tristesse. C'est le cas des auteurs de cet essai.

François Buot et Alexis Bernier ont voulu retrouver l'esprit d'une génération : de la contestation prolétarienne à la coke, d'un journal encore révolutionnaire nommé {Libération} aux backrooms du Palace, de la gauche qui inventa {Actuel} à celle qui élira François Mitterrand. Défilent pêle-mêle les stars du show-biz, les Sex Pistols, Lou Reed, Jean-François Bizot ou Yves Adrien, Andy Warhol ou Philippe Garrel, Pompidou ou Serge Gainsbourg. Portrait de groupe dont l'un des personnages les plus attachants fut Alain Pacadis, chroniqueur rock de {Libération}, reporter de l'underground sans qui une fête n'était pas une fête. Ses articles signés, par exemple, Alain Bad Trip Pacadis, seront un modèle du genre. En novembre 1986, {Libération} consacre plusieurs pages à la mort d'Alain Pacadis, étranglé dans son lit. C'est un symbole qu'on met en terre.

L'auteur dissèque l'"horreur du capitalisme postmoderne", cette époque qui a réussi à faire de l'homme ordinaire l'homme moyen des statistiques, le thermostat vivant de la démocratie-marché. De ce désastre en cours, il cherche les principaux responsables : les intellectuels médiatiques ou les politologues-économistes. La démocratie-marché a-t-elle pour autant vaincu ?

Patrick Combes, docteur ès lettres (EHESS, Paris), écrivain et chercheur, a publié une première étude sur 1968, La littérature et le mouvement de Mai 68 (Seghers), deux récits, Au bord du fleuve (Le Temps des Cerises), Fille de l'Asie, une histoire d'adoption (L'Harmattan), Sur le seuil et Signes, mémoire, partage (journaux et carnets) et des Notes sur le peintre Colette Bonzo (éd. du Pin).

La haine de Mai 1968 est devenue un thème à la mode notamment durant la campagne de l'élection présidentielle de 2007. Cela résulte d'un travail idéologique qui a commencé dès la fin des événements.