Spécialiste de l'armée algérienne, Rémy Leveau estime qu'en dépit de la guerre impitoyable en cours le marchandage entre les militaires et les islamistes est déjà engagé.

Alors que les intégristes algériens se manifestent quotidiennement par des crimes sanglants, ou même, comme la semaine dernière, par des assassinats collectifs d'étrangers, le débat entre ceux qui estiment qu'on ne peut pas faire l'économie d'une négociation avec le FIS et ceux qui refusent tout compromis se durcit.

"Nous, des terroristes ? Allons donc !". A Washington, le représentant des islamistes algériens montre patte blanche. Et toutes les portes s'ouvrent.

L'ex-FIS algérien n'a pas d'existence légale en France. Mais il dispose d'une très solide organisation qui recrute surtout parmi des jeunes de banlieue, collecte des fonds et stocke des armes.

Romancier et professeur d'économie à l'université d'Alger, il figure sur la liste noire des intégristes. Il dit ici ce qu'est la vie d'un intellectuel dans l'Algérie d'aujourd'hui et avoue sa déception devant l'indifférence de ses confrères français.

Désaccord au sein des islamistes algériens ? A Alger, des tracts au nom du GIA (Groupement des Islamistes algériens) demandent aux étrangers de quitter le territoire.

Les rares suspects retenus après la grande chasse aux islamistes étaient connus de la police, qui aurait pu les arrêter discrètement. Pour des raisons politiques troubles, le gouvernement a choisi une opération à grand spectacle.

L'autorisation du multipartisme a été imposée par les émeutes d'octobre 1988 et les revendications démocratiques. Le pouvoir espérait une nouvelle donne, fondée sur une rénovation du Front de libération nationale. Mais celle-ci a échoué, et ce sont les islamistes qui ont profité de l'ouverture.

Principal responsable de la décennie noire dans la mémoire collective, le Front islamique du salut continue de hanter les esprits. Pourtant, la réhabilitation de ses anciens dirigeants est désormais d'actualité.