Connu pour ses dérives autoritaires, le chef de l'Etat prétend guérir le sida avec des herbes médicinales. Portrait d'un Ubu président qui se croit investi d'une mission divine.

De nouveau candidat à sa propre succession, le 24 novembre 2011, le chef de l'Etat tente de lisser l'image d'autocrate ubuesque qui lui colle à la peau. Mais a toujours du mal à s'accommoder du respect des droits de l'homme.

Comme tous les cinq ans, Yahya Jammeh fera mine de se soumettre au verdict des urnes, le 1er décembre 2016. Un vrai-faux suspense qui ne trompe personne, ni à Banjul ni ailleurs, et au terme duquel le chef de l'Etat, au pouvoir depuis 1994, devrait être reconduit à la tête du pays.

Si, à la surprise générale, l'imprévisible président a décidé de se plier au verdict des urnes, c'est avant tout sous la pression de l'appareil sécuritaire. Invisible depuis sa défaite, il devra refaire surface avant la fin de janvier 2017 pour organiser sa succession.

A quelques jours de la fin officielle de son mandat, Yahya Jammeh refuse toujours de mettre un terme à ses vingt-deux années de règne. Voyage en schizophrénie sur les terres de ce leader autoritaire.

Il a réussi ce que tout le monde pensait impossible. Inconnu hier encore, il a battu Yahya Jammeh dans les urnes et rallié derrière lui une communauté internationale unanime pour tenter de le chasser du pouvoir.

Ca y est, il est parti. Après d'ultimes tractations et sous la pression militaire de la Cedeao, l'ex-président a fini par quitter le palais de Banjul. Retour sur les jours qui ont précédé un départ obtenu au forceps.

A Banjul, on ne prononce son nom qu'à voix basse, ses détracteurs ont depuis longtemps compris que mieux valait se taire. C'est, disent-ils, une question de survie dans un pays sur lequel Yahya Jammeh, tyran mystique et parano, règne depuis vingt ans.

Des manifestants défient depuis fin avril le régime de Yahya Jammeh. Bilan : une dizaine de morts dont un célèbre opposant. Ce soulèvement serait le signe annonciateur de la chute du pire des oppresseurs africains.

Alors que le président élu doit entrer en fonctions le 19 janvier 2017, Yahya Jammeh n'entend pas quitter le pouvoir. Pour cet éditorialiste sénégalais, son pays doit s'engager, comme dans le passé, à restaurer la légalité en Gambie.