Excepté le Quai Branly et les arts premiers, aucun grand projet n'aura marqué les douze années de mandat du président français. Plus que l'argent, ce sont les idées - et les utopies - qui auront fait défaut.

Les projets du Mucem, de l'île Seguin et du Palais de Tokyo risquent d'être enterrés.

Le 14 décembre 2010 sera inauguré le nouvel axe Pau-Bordeaux, le plus grand chantier autoroutier de France. Applaudi par les élus gascons, il fâche les écologistes.

Un nouvel art de bâtir s'est inventé, sous nos yeux, au cours des trois dernières décennies du 20e siècle. Son histoire ne peut se réduire à celle des avant-gardes artistiques à laquelle nous sommes trop souvent conviés. Au croisement de la demande sociale et de l'innovation technologique, elle relève d'abord de l'élaboration d'une culture technique commune aux architectes et aux ingénieurs, au sein de réseaux internationaux de bureaux d'études que stimule la commande publique.

Du Grand Louvre au musée du Quai Branly, la France est plutôt fière de ses grands travaux, une bonne image de marque selon elle.

En dix ans, Paris a plus changé qu'en un siècle. Les grands travaux l'annonçaient, l'Exposition de Séville l'a confirmé : l'architecture à la française revient. Et l'étranger s'y intéresse. En créant un secrétariat d'Etat aux Grands Travaux, sous l'égide d'Emile Biasini, François Mitterrand a-t-il réussi à imposer son style ?

De Milan à Strasbourg, la France semble redevenue la patrie des grands travaux. Et, en termes de gigantisme, de créativité, d'audace, ceux des années 2000 n'ont rien à envier à leurs illustres prédécesseurs gaulliens, giscardiens ou mitterandiens.

Le mythe des grands travaux créateurs d'emplois et de richesse reste très vivace en France. Il faut remonter à Saint-Simon et à l'école des saint-simoniens pour trouver les fondements de cette philosophie militante de la communication et des grandes infrastructures de transport...