Les récents débats sur le "genre" ont problématisé la notion d'"identité", en mettant en question une hypothétique essence des êtres selon leur "nature" sexuée. Le livre de Nathalie Heinich, qui vient d'être réédité, parut d'abord en 1996, soit avant le développement de ces interrogations. Il en fait ostensiblement l'économie en analysant les "états" de la condition féminine, c'est-à-dire la place et le sort assignés aux femmes par la société, tels qu'ils sont reflétés par la fiction occidentale.

Sous cet intitulé du côté métaphysique et qui semble jouer sur le "pourquoi mon dieu ?" qui s'empare, tel Job, des hommes devant l'injustice du monde, il y a le récit à la fois franc et ferme d'un compagnonnage contrarié jusqu'à la rupture avec Pierre Bourdieu et son oeuvre.

L'idée est simple, mais la méthode originale. La sociologue Nathalie Heinich décrit un phénomène qui, dans nos sociétés contemporaines, serait devenu tellement massif qu'il devrait ″crever les yeux″, mais qu'on ne prendrait pas assez au sérieux : la ″visibilité″.

Dans un ouvrage jubilatoire, la sociologue répertorie des chausse-trappes de sa profession.

En Chine, rapporte Michel Melot dans son essai sur l'Inventaire général, "Mirabilia", les fenêtres de demeures ou de bâtiments modestes sont ornées de papiers découpés : "Lors dun voyage d'étude avec quelques conservateurs français, en 1980, nous en avons acheté une centaine pour quelques sous. De retour en France, ces papiers ciselés firent l'objet d'une exposition aux musées de Grenoble et de Rennes, dans la catégorie "Beaux-arts" et non "ethnologie", ni même "arts décoratifs" (M. p.104). Faut-il voir dans ce geste l'équivalent d'un ready-made ?