Aaron Sorkin rejoue un procès célèbre de la fin des années 60, dans lequel la gauche US fut mise au banc des accusés par l'administration Nixon. Multipliant les effets miroirs entre le passé proche et l'actualité la plus brûlante, il reformule un idéal de grand cinéma américain éternel.

Le film de procès constitue l'apogée d'une idée du cinéma classique. A l'efficacité dramaturgique, il associe une réflexion désabusée sur les pouvoirs de la parole au sein d'un régime démocratique. D'Otto Preminger à Sidney Lumet, de Frank Capra à Steven Spielberg, la forme du "procedural" a été ainsi utilisée : tout en décrivant un point de bascule de l'Histoire, la vérité est présentée non comme un fait, mais comme une inquiétude que le théâtre de la justice reconduit constamment et ne finit jamais par dissiper tout à fait.

Tandis que Donald Trump s'accrochait de toute sa mauvaise foi aux rideaux de la Maison-Blanche, tandis qu'une Amérique déchirée s'affrontait, la production audiovisuelle s'imprégnait de l'émotion ambiante. Films, séries, miniséries, frontalement ou par allusion, mettent en scène le double visage de l'Amérique. Une tradition thématique qui remonte à l'époque classique (John Ford et le méconnu "La Dernière Fanfare") et que "Les Sept de Chicago" d'Aaron Serkin prolonge. Trump a-t-il perçu la dimension critique de "Citizen Kane" d'Orson Welles, en lequel il voyait son film préféré? Hasard?

Pour sa deuxième réalisation, Aaron Sorkin reconstitue le procès d'un groupe de manifestants antimilitaristes. Une fresque tout en colère contenue sur la polarisation de l'Amérique et l'institutionnalisation de la répression politique.