Le sexe, comme le langage, est une expérience de la liberté et de l'au-delà. La vérité du désir était déjà contenue dans la "chair" chrétienne mais, désormais libérée de la tutelle des prêtres, elle peine toujours à se révéler sous la domination de la technique : poussée ou tension dans l'épreuve de l'existence.

Le rocker Rodolphe Burger salue la mémoire et l’oeuvre du philosophe disparu le 24 août, dont il a jadis suivi les cours et qu’il a fait participer à certains de ses spectacles.

Jean-Luc Nancy, mort le 28 août 2021, était l’une des plus grandes figures de la philosophie française contemporaine. Largement lu et traduit à l’étranger, il avait notamment publié, parmi une oeuvre abondante, deux importants volumes consacrés à la « déconstruction du christianisme », "La Déclosion" (Galilée, 2005) et "L’Adoration" (Galilée, 2010). Ancien membre de la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC), il était un très fin connaisseur de la théologie et de la tradition, mais il ne se rangeait plus parmi les croyants.

Jean-Luc Nancy (1940-2021) s’est efforcé de penser la finitude contre toute consolation, qu’elle soit métaphysique, politique ou religieuse : nous ne faisons en effet que passer. Mais il refusait également la désolation, prolongeant son passage par une greffe de coeur et vivant chaque instant comme unique. Sa perte est donc irréparable, mais son passage se poursuit par-delà la mort, grâce à sa leçon d’écologie.

Jean-Luc Nancy, philosophe et savant dont l'oeuvre est traversée par le corps et les arts, interroge la musique à partir du sens, physique (écoute) et théorique (signification).

Jacques Derrida, grande figure de la French Theory, passe pour un auteur difficile. A moins, comme le conseille son ami Jean-Luc Nancy, de le lire en écoutant d'abord sa "musique", sa voix. Et en ayant à l'esprit qu'il veut démontrer que, dans la vie, nous ne coïncidons jamais complètement à nous-mêmes.

Le grand philosophe, spécialiste du corps aussi bien que de la communauté, est aussi l'auteur de pages remarquables sur le romantisme allemand, la poésie, la relation entre idées et littérature. Chez lui, le sens tutoie le style.

Le dialogue avec Jean-Luc Nancy a commencé il y a plusieurs années? notamment autour de son ouvrage La Déclosion. Déconstruction du christianisme» (Galilée, 2005), dans lequel il inscrit sa réflexion dans le prolongement de la critique de la religion par Nietzsche ainsi que dans l'héritage de la «Destruktion» de la métaphysique opérée par Heidegger, puis par Derrida. La question de l'antisémitisme s'est d'emblée imposée comme étant l'impensé de notre civilisation occidentale.

Dans l’oeuvre de Jean-Luc Nancy, il y a à la fois la maladie du monde (la pandémie est la manière dont le commun s’autodétruit en se mondialisant) et la maladie comme monde (l’épreuve de la finitude ouvre un monde). Il faut donc toujours chercher un monde pour la maladie.