C'est dans le temple parisien de l'art lyrique où il fait ses débuts que l'acteur et réalisateur met en scène "La Cenerentola" de Rossini. Les garçons et Guillaume, à l'opéra !

L'opéra est sans doute le plus complexe, le plus hybride et le plus polymorphe des genres artistiques. Ce numéro d' "Europe" se propose de discerner et de comprendre les défis auxquels il se trouve confronté aujourd'hui. Tout au long du XXe siècle, on ne cessa de déclarer mort l'opéra, tantôt paur des raisons esthétiques (le théâtre des affects et l'expression lyrique forent jugés désuets par les avant-gardes), tantôt pour des raisons sociales (trop intrinsèquement aristocratique et/ou bourgeois) ou encore politiques.

"Enfant terrible, iconoclaste, radical..." Telles sont quelques-unes des épithètes que la critique emploie couramment pour qualifier le metteur en scène russe Dmitri Tchemiakov. De fait, chacune de ses mises en scène d'opéra semble s'accompagner d'une relecture de l'oeuvre aboutissant à une transposition du livret souvent - n'en déplaise à ses détracteurs - d'une cohérence profonde.

« L'Avant-Scéne Opéra » a déjà consacré son numéro 241 (2007) à cette problématique toujours actuelle. Or le sujet est loin d'être épuisé... Voici donc le premier numéro d'une déclinaison du thème : un volume entièrement consacré à l'un des grands noms de ta mise en scène lyrique aujourd'hui : Robert Carsen.

La mise en scène d'opéra suscite des débats aussi passionnés aujourd'hui que naguère, nourris par des scandales similaires et gravitant autour des mêmes problématiques plus ou moins bien identifiées. Ces débats - en particulier ceux concernant la mise en scène comme relecture - méritent toutefois d'être extirpés des lieux communs simplificateurs dans lesquels la polémique les enferme souvent.

On sait qu'il est vain d'opposer globalement mise en scène "moderniste" et mise en scène "classique" : les deux tendances fournissent autant de géniales visions que de plates réalisations... Benoît Jacquot est de ceux qui nous rappellent que le costume historique, le respect d'une époque et de son esthétique, ne sont en rien synonymes de sclérose ou de banalité.

Le travail de Robert Lepage au théâtre ou à l'opéra se caractérise par sa pluridisciplinarité. Sa compagnie Ex Machina, ses spectacles touchant aux arts circassiens aussi bien qu'aux nouvelles technologies, aux marionnettes ou à la danse, en témoignent. Mais malgré l'aspect sophistiqué de ces créations scéniques, son propos est clair : la musique avant toute chose.

Après les "Dialogues des Carmélites" puis "Pelléas et Mélisande" à l'Opéra national de Lyon (2013/2015), le romancier et cinéaste mettra en scène son troisième opéra au prochain Festival d'Aix-en-Provence : "Cosi fan tutte". "J'essaie de parier sur le regard d'un spectateur qui recompose, qui n'assiste pas passivement à ce qu'on lui montre."

Musicologue et journaliste - les lecteurs de "L'Avant-Scène Opéra" comme de "Diapason" connaissent bien sa plume affûtée -, Ivan Alexandre a franchi le pas de la mise en scène lyrique en 2007. Après Haendel, Rameau ou Gluck et un détour par l'opérette viennoise, le voici, plongé dans une Trilogie Mozart/Da Ponte présentée à Drottningholm de 2015 à 2017.

Adulé dans le monde entier, le metteur en scène publie un roman, A ma fenêtre, et monte la Tosca au Metropolitan Opera de New York.