Fruit d'une manipulation scientifique, née de la démesure du savant Victor Frankenstein, cette créature, qui a inspiré le cinéma, la télévision, la publicité, la bande dessinée, s'est échappée du roman de Mary Shelley pour s'imposer surtout comme la figure de la peur incarnant nos perversions.

Dracula à 100 ans. Sorti tout droit du roman de Bram Stoker, il a franchi les montagnes de la Transylvanie pour conquérir le monde occidental. Ce vampire, qui refuse de mourir, renaît chaque fois de ses cendres. Hollywood lui assure une notoriété internationale, le cinéma, la bande dessinée... se sont emparés du personnage puisant dans le fantastique, l'horreur, l'érotisme, la parodie... pour séduire un large public. Dracula cristallise à chaque époque les angoisses les plus viscérales et les fantasmes les plus inavouables. Incarnation du Mal absolu, sorte d'Antéchrist pour les victoriens. Dracula a perdu l'image de la créature pourvoyeuse d'effroi. Récemment transformé en amant romantique par Coppola, il séduit bien plus qu'il ne terrifie. Représentant l'image d'un moi conquérant et libérateur qui s'affranchit des tabous, Dracula, condamné à la résurrection éternelle, s'impose comme une figure mythique.

L'étude des structures fait apparaître l'unité et l'identité génériques de Tristan et Iseut, de La Princesse de Clèves, du Lys dans la vallée et des romans de Delly ou des collections Harlequin. Comment ce genre, qui peut revendiquer 20 siècles d'existence, a-t-il subi ce déclassement dont il ne s'est pas relevé ? Que peuvent nous dire sa longévité et son expansion médiatique ?