La philosophe Myriam Revault d'Allonnes décrypte l'effet délétère des «faits alternatifs» sur nos démocraties.

Il y a, dans la notion de «post-vérité», qui a massivement émergé après la campagne du Brexit et l’élection de Donald Trump, un certain nombre d’éléments qui débordent les limites du domaine et de la pratique politique au sens étroit du terme. Le dictionnaire d’Oxford qui, en 2016, a fait de la «post-vérité» le mot de l’année indique que la notion à laquelle le préfixe «post» est accolé (à savoir la vérité) est devenue elle-même secondaire, voire dépourvue de pertinence. a post-vérité remet donc en cause le caractère essentiel, vital, de la vérité.

Dans son dernier essai sur "L’esprit du macronisme", la philosophe Myriam Revault d’Allonnes s’interroge sur les liens entre le macronisme et la tradition libérale, l’héritage des Lumières, auquel Emmanuel Macron se réfère. Elle montre comment certains concepts comme l’autonomie, la responsabilité, l’homme capable, qui se sont développés à partir de la modernité, ont été dévoyés par ce qu’elle appelle « la nébuleuse néolibérale » dominée par le modèle de l’entreprise et de la raison calculante, dont l’orientation est hyperindividualiste.

Arrivée troisième aux législatives, l'extrême droite n'a néanmoins jamais été si proche du pouvoir. Comment sept années de jupitérisme ont-elles mené la France au bord du précipice ? La philosophe analyse pour "le Nouvel Obs" cette situation aussi inédite que périlleuse.