« Ma place ? Mais quelle est ma place ? Vous êtes exactement à la même place que moi ! » Voici la réponse du modèle au peintre qui vient de s'excuser du pouvoir que, croit-il, sa position lui octroie. A savoir ? Celui de scruter et d'interpréter à loisir un visage et des postures : une mâchoire qui se contracte, des lèvres qui se mordent, un teint qui s'enflamme. Mais voilà le modèle qui rétorque : « Parce que vous croyez que, de ma place, je ne vois pas comment parfois vous respirez par la bouche, comment vous détournez le regard, comment vous haussez les sourcils ?

Céline Sciamma raconte avec une infinie délicatesse et une fièvre aussi contenue qu'explosive une histoire d'amour impossible entre deux femmes dans la France de 1770, sublimée par Adèle Haenel et Noémie Merlant.

En quatre films, la réalisatrice s’est imposée comme une représentante d’un nouveau cinéma d’auteur exigeant et pop. Son dernier long-métrage, « Portrait de la jeune fille en feu », en salle le 18 septembre 2019, dépeint une passion entre une peintre du XVIIIe siècle et sa modèle. Une histoire d'amour loin des canons traditionnels. Ce regard militant s'accompagne d'engagements concrets, comme au sein du collectif 50/50 qui lutte pour la parité dans le cinéma français. Fédérant les énergies dans son sillage.

Avec ses films féministes et son action militante, la réalisatrice de "Portrait de la jeune fille en feu" poursuit un objectif : modifier le rapport de force entre hommes et femmes dans le cinéma. A la veille des César, récit d'une conquête, menée par une cheffe de bande dont la radicalité dérange et fascine.

Le surgissement de Céline Sciamma dans le cinéma français n'est désormais plus une nouveauté, et la maturité a toujours été un passage difficile pour les récents prodiges du cinéma français. La réalisatrice ne se facilite de fait pas vraiment la tâche en cédant aux sirènes d'une sorte de cliché obligé de ce passage, le drame en costumes...