Rappelons le principe : Tino Sehgal crée des « situations » qu'il fait interpréter par des acteurs, professionnels ou non, ou des danseurs, le public étant censé se mêler à ces situations : des gardiens qui prennent à partie les visiteurs lorsqu'ils entrent dans la salle d'exposition, un couple qui s'expose dans des étreintes passionnées, etc. a pourrait rappeler les happenings des années 1960 si l'artiste acceptait que l'on prenne des photos, par exemple, pour se souvenir de l'événement. Mais non.

Au Palais de Tokyo, Tino Sehgal prend possession des lieux en provoquant une série de situations qui imposent au public un mode inhabituel de visite.

A la suite de Philippe Parreno en 2013, Tino Sehgal dispose cet automne 2016 d'une carte blanche dans tout le Palais de Tokyo (12 octobre - 18 décembre 2016). Il y montrera un ensemble de "situations" - pour reprendre le terme avec lequel il désigne ses oeuvres - qui prendront corps entre des sculptures et installations d'autres artistes invités par lui. L'exposition sera comme un organisme vivant qui évoluera avec les mouvements des visiteurs. Il interviendra également à travers une nouvelle création au Palais Garnier, avec les danseurs du Ballet de l'Opéra (26 septembre - 9 octobre 2016).

Du 12 octobre au 28 décembre 2016, le Palais de Tokyo a offert une « carte blanche » à Tino Sehgal, qui a occupé l'intégralité de ses espaces d'exposition. Depuis une dizaine d'années, l'artiste britannique conçoit des performances dans des lieux d'art. Après une formation de chorégraphe, il a été invité notamment par le Guggenheim Museum de New York en 2010 et a remporté le Lion d'or à la Biennale de Venise en 2013.

On est en l'an 2000. L'artiste anglo-allemand d'origine indienne Tino Sehgal n'a pas encore investi les espaces muséaux avec les « installations performatives » qui le rendront célèbre, entre étreintes de corps, chants improvisés par les visiteurs et discussions philosophiques.

Tino Sehgal, une des artistes contemporains les plus doués, a jusqu'au 18 décembre 2016 le plus beau terrain de jeu qui soit : le Palais de Tokyo. Il y convie amis et confrères au fil d'une expo génialement déroutante.

A 40 ans, cet artiste germano-anglais est déjà un mythe. Il occupe les musées en remplaçant les oeuvres par des performances qui surprennent et enchantent les visiteurs. Un univers secret où toute photo est interdite. Quasiment mystique, absolument fascinant : l'événement de la rentrée.