Dans son dernier film, "Silence", Martin Scorsese nous plonge en plein XVIIème siècle, au Japon, aux côtés de deux jésuites à la recherche de leur mentor, porté disparu sur ces contrées hostiles au christianisme. Jean-Loup Bourget en dresse la critique.

Au fil de son oeuvre, l'historien Alain Corbin a exploré les sensibilités et les émotions. Il livre aujourd'hui une passionnante histoire du silence qui en dit long sur les évolutions du monde, des moeurs et des relations humaines.

L'absence de bruit ne signifie pas qu'un tremblement de terre soit sans danger. Des séismes inaudibles annonceraient de fortes secousses ou des tsunamis dévastateurs.

Critique de film

Selon les standards actuels qui régissent d'Hollywood, un film comme "Silence", nominé aux Oscars, n'aurait pas dû voir le jour. Pour tourner ce projet vieux de plus de 25 ans, le réalisateur Martin Scorsese et le directeur de photographie Rodrigo Pietro ont dû trouver un langage commun.

Avec "Silence", le réalisateur de "Taxi Driver" raconte le martyre de deux missionnaires au Japon, et fait le tour de ses obsessions : la foi, le péché, la grâce. Confession exclusive.

"Silence" ressemble au troisème mouvement d'une symphonie mystique en trois actes qui aurait débuté pour Martin Scorsese avec "La Dernière tentation du Christ" (1988) et se serait poursuivie avec "Kundun" (1997). Un exercice acrobatique de grand écart entre christianisme et bouddhisme qui traduit un feu intérieur particulièrement intense. La genèse de ce projet remonte à une trentaine d'années, mais ce n'est pas un hasard si le réalisateur s'y est attelé à ce moment précis de son oeuvre.

Le silence est devenu une denrée rare. Et pourtant, il fait pousser les neurones, alors que le bruit détériore la mémoire et la concentration. Cultiver le silence, c'est prendre soin de son cerveau.