Verena Paravel et Lucien Castaing-Taylor, anthropologues et cinéastes, signent un chef-d'oeuvre, "De Humani Corporis Fabrica", autour du corps à l'hôpital. Accrochez-vous à vos fauteuils, vous n'avez jamais vu ça.

Il y a tout juste dix ans, "Leviathan", premier film en commun de Véréna Paravel et Lucien Castaing-Taylor, faisait forte impression avec une formule insolite, à la fois essai conceptuel (un documentaire tourné au large sur un bateau de pêche industrielle, mais qui céderait le point de vue à la mer, aux poissons, au bateau, bref à tout le non-humain) et magma cosmique de sensations crues (des images arrachées à une boue de pixels effervescents et giflées sans cesse par les éléments ; une charpie sonore de vagues et de métal, amalgamés en performance "noise") .

Sensation du dernier festival de Cannes, où il était présenté dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs - devenue entre temps Quinzaine des Cinéastes - le nouveau long métrage de Véréna Paravel et Lucien Castaing-Taylor est un documentaire aussi éprouvant qu'exaltant, dont il est difficile de sortir tout à fait indemne. Au delà de ce qu'il montre, entre beauté abstraite d'un univers corporel inconnu et images insoutenables d'une chair en souffrance, il propose une réflexion passionnante sur ce qui fait corps.