La presse internationale commente le remaniement gouvernemental et évalue les chances du nouveau Premier ministre de sortir l'Hexagone de la crise économique.

Deux ans après son élection, et après la claque des municipales, François Hollande, qui paie les contradictions dans lesquelles il sest enfermé, joue son va-tout avec Manuel Valls. Le nouveau Premier ministre devra mettre en oeuvre des réformes durables sil veut relancer la compétitivité française. Laffaire Alstom est à ce titre emblématique : la perte de souveraineté du groupe témoigne du recul de lindustrie et dune tendance à lingérence des politiques, souvent contreproductive. Pour le "Financial Times", la France reste pourtant une valeur refuge pour les investisseurs.

Manuel Valls veut débarrasser son parti de l'adjectif "socialiste". S'il est élu à la tête de l'UMP, Nicolas Sarkozy organisera un vote sur le changement de nom de sa formation. Comme si cela allait suffire à séduire les électeurs.

La démission forcée d'Arnaud Montebourg, le départ brutal de Benoît Hamin et d'Aurélie Filippetti... Il suffit d'un coup d'éclat ou d'un désaccord avec la ligne du gouvernement pour que la carrière de ministre s'arrête net. Mais les claqueurs de porte ne quittent jamais longtemps l'arène politique.

Une violoniste impulsive, indépendante, adepte des bons mots... On attendait beaucoup de la truculente Anne Gravoin. Mais ses débuts médiatiques chaotiques ont condamné la femme du premier ministre au silence. Gardera-t-elle sa réserve si son mari change de rôle ?

La grève des pilotes a plombé la compagnie nationale. Mais elle a permis au Premier ministre d'affirmer son autorité.

Le nouveau Premier ministre n'a pas le choix. Il a été nommé pour une mission à haut risque : réformer, fût-ce à marche forcée, et traduire, en mots et en actes, une ligne présidentielle longtemps évanescente.

Face à l'adversité, le président n'est pas du genre à se bunkériser. S'il est aujourd'hui prêt à tout changer, du PS jusque dans sa propre maison, c'est pour être totalement libre tandis qu'à Matignon Valls est chargé de faire du Valls.

Pour le Premier ministre, les députés PS, comme les Français déboussolés, doivent être "sidérés" par le rythme des réformes. Loin du compromis perpétuel instauré par Hollande, il entend désormais prendre tous les risques. Voici comment.

Pour Pascal Delwit, spécialiste de la social-démocratie européenne, le tandem Hollande-Valls vide le discours socialiste de sa substance pour en faire un pragmatisme d'inspiration blairiste.

En arrivant à Matignon, il voulait "sidérer" les Français à grands coups de réformes. Aujourd'hui, il aimerait surtout gouverner dans la dignité. Et c'est loin d'être gagné...

Arnaud Montebourg se croyait tout permis. Il est allé trop loin. François Hollande et Manuel Valls ont décidé de sévir sans tarder. Ni trembler. Récit d'une crise à l'origine du séisme de la rentrée