Pour l'instant, les législatives du 17 mai 2007 passionnent davantage les états-majors politiques que les foules. Celles-ci ont, il est vrai, bien d'autres préoccupations...

Affrontements intercommunautaires à Berriane, émeutes à Chlef, hooliganisme à Oran... Si les épisodes de violence que connaît le pays depuis près de deux mois n'alarment pas outre mesure le gouvernement, la population, elle, n'est guère rassurée.

En Algérie, dix ans de violence terroriste et répressive ont fait plus de 100 000 morts. Le pouvoir militaire a su rester maître du jeu ? Mais à quel prix ?

Le bref espoir qui avait accompagné les élections algériennes de l'année dernière s'est vite évanoui. Selon l'opposition, les résultats du référendum de novembre ont été truqués, et il ne faut s'attendre qu'à une consolidation de la dictature.

Des adolescentes décapitées au nom d'Allah, des étudiants torturés à mort au nom de la défense de l'Etat : jamais cette guerre civile qui ne dit pas son nom n'avait atteint, en trois ans, un tel degré de sauvagerie...

Jusqu'aux deux attentats aux camions piégés dans les banlieues d'Alger, le 29 octobre 2006, l'Algérie avait connu son mois de ramadan le moins violent depuis quinze ans, avec vingt-sept morts, contre trois cents en moyenne dans les années 1990. Le ralliement du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) à Al-Qaida inquiète néanmoins, et d'abord en France, qualifiée d'"ennemi numéro un".

Pour éviter la guerre civile, le dirigeant du Front des Forces socialistes lance un appel au rassemblement de tous les Algériens qui ne veulent pas se laisser imposer le choix entre les islamistes et le pouvoir actuel.

La tension monte à l'approche des législatives du 30 mai. Et cette nouvelle contestation sociale semble presque plus menaçante pour le régime que pour la rebellion islamiste.