Veuillez vous connecter pour réserver
Souvenirs
Auteurs :
Editeur :
Année de parution :
2004
207 p. : ill. en noir et en coul., couv. ill. : 23 cm
Tigy fut la première épouse de Georges Simenon. Élève à l'Académie royale des beaux-arts de Liège, elle rencontra en 1922 le jeune et fougueux journaliste de La Gazette de Liége... qui devint, l'année suivante, son écrivain de mari. Suivirent plus de trente ans d'une vie commune nomade et exaltante, souvent aventureuse, qui les mena du Paris de Joséphine Baker à la Floride des années cinquante, de Porquerolles à Tahiti, des canaux de France aux fjords de la Laponie scandinave, de la forêt d'Orléans aux propriétés charentaises de La Richardière et de Nieul... Ces voyages, croisières, déménagements et emménagements incessants -avec force basses-cours et domesticité-, loin de perturber le romancier, constituèrent le décor changeant auquel aspirait sa puissance créatrice. Et la singulière Tigy fut bien cette «femme en pierre de taille» qui, par son intelligence pratique, sa sensibilité artistique et sa constance, accompagna et rassura Simenon durant ces années d'entre-deux-guerres où s'épanouit son talent.
Tigy entreprit d'écrire ses Souvenirs en 1938, peu avant la naissance de son fils, Marc Simenon ; elle les lui destinait. Elle en prolongera la rédaction après-guerre, pour fixer les premières années américaines puis européennes de son petit boy. Mais le couple Simenon, six ans après la naissance de cet unique enfant, s'était irrémédiablement désuni. Le romancier avait tourné la page.
Vive et distanciée dans ses traits, Tigy prend un plaisir évident à mettre en scène son quotidien, évoquant avec humour et pittoresque, sans user de vitriol, les fantaisies et caprices d'un mari d'exception : charme et force, obsessions et fragilités... Mais qui espérerait découvrir ici de sordides détails conjugaux et autres liaisons ancillaires ferait fausse route ; là-dessus, tout a été dit et écrit. La pudeur de Tigy, elle, force le respect. Car l'épouse trompée se refuse à exhiber sa blessure sous les yeux de son fils. La tendresse maternelle est plus forte que le ressentiment ; et peut-être aussi le souvenir de ces années de lumière, qui semblent bien avoir été celles du bonheur, de la confiance et de la plus moderne insouciance.