Journalistes et citoyens
Numéros de page :
/ p. 15-86
Ce dossier constitue la première étape d'un programme en cours qui questionne la notion d'ordinaire dans le champ du journalisme. Dans cette perspective, les travaux que nous présentons étudient la manière dont ″l'ordre du discours″ journalistique cherche à intégrer, absorber, tirer profit ou rejeter d'autres pratiques discursives dispersées, en périphérie ou à l'intérieur de l'espace médiatique. La complexité des situations et les jeux de négociations engagés par les acteurs remettent en cause toute une série de frontières sociales et symboliques : celles du territoire éditorial, celle de l'identité professionnelle des journalistes, celles des formes d'intervention dans l'espace public ou celles de l'ordre du discours journalistique. Il faut ici s'intéresser ici à l'intrusion de l'ordinaire - entendu comme l'absence de qualification, une parole de non-spécialiste par opposition à l'énonciation des experts identifiés par un nom propre. La montée en puissance de l'expression de l'usager et l'apparition de divers lieux de production d'information en dehors des espaces labellisés, notamment sur et grâce à Internet, correspondent à une fragmentation et à une personnalisation de l'offre médiatique et plus généralement des pratiques sociales - et à des tentatives d'incarnation du lien social de part et d'autre de la médiation. Comme ces phénomènes n'ont pas fait disparaître l'hégémonie des médias référents en matière de diffusion de l'information, et que cette situation leur préexiste, l'étude des pratiques collaboratives médiatiques a été privilégiée plutôt que celle des seuls médias labellisés ″Web 2.0″.