Pesticides
Bulletin : Causette 44 - avril 2014
01 avril 2014
Numéros de page :
6 p. / p. 54-59
Ils travaillent la terre et la vigne et creusent parfois, aussi, leur propre tombe. En silence. Chaque jour plus conscients que les pesticides qu'ils épandent les tuent. Cancers, leucémies, lymphomes... les agriculteurs souffrent des maux distillés par ces produits phytosanitaires. En juin 2013, une expertise de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a confirmé un lien entre ces maladies et l'exposition aux pesticides. "Des dangers et des risques sur la santé (...) sous-évalués", selon un rapport de la sénatrice Nicole Bonnefoy, en juillet de la même année, qui évoque "des accidents, intoxications aiguës et (...) maladies chroniques, dont la cause semblait résider dans leur utilisation". Des analyses rares, signe sans doute de la chape de plomb qui pèse sur ce scandale. Aujourd'hui, certains viticulteurs abandonnent le tout chimique. Ils ont pris conscience des limites économiques de ces pratiques délétères pour les sols et les êtres humains. Mais, même si le plan d'action Ecophyto 2018 (adopté lors du Grenelle de l'environnement en 2007) prévoit de réduire de 50% l'utilisation de produits phytosanitaires d'ici à 2018, la France reste le troisième consommateur mondial et le premier en Europe, avec près de 110 000 tonnes de pesticides répandus annuellement. Pis, d'après un rapport de l'Agence régionale de santé (ARS) du Languedoc-Roussillon daté de février 2013, "des pesticides interdits depuis 2003 et 2004 étaient encore utilisés en 2012". Si mille deux cents médecins ont lancé, le 30 janvier dernier, un appel pour mettre en garde contre les effets nocifs de ces produits, rares sont les victimes qui osent évoquer leurs symptômes. "Quand un paysan accuse les pesticides d'être responsables de sa maladie, cela est ressenti comme une trahison par la profession ", estime François Veillerette, porte-parole de l'ONG environnementale Générations futures. Pendant que des agriculteurs continuent de m