Un vent mauvais souffle sur l'Europe. On l'entend rugir jusqu'à Amsterdam, capitale des Pays-Bas, longtemps si fiers de leur rôle fondateur dans la construction européenne, avant de mettre à mort, avec la France, le projet de traité constitutionnel pour l'Union, lors du référendum de 2005. A 32 ans, Thierry Baudet est le chef de file du courant intellectuel de cette nouvelle droite néerlandaise eurosceptique. A la radio, sur les plateaux de télévision, dans les journaux, sur Internet, ce philosophe donne des munitions au populisme anti-bruxellois. Dans son essai, tout juste publié en France (« Indispensables frontières. Pourquoi le supranationalisme et le multiculturalisme détruisent la démocratie », éd. du Toucan), déjà traduit en Allemagne, il théorise la nécessité d'un nouveau souverainisme. Quoique contraire à la ligne éditoriale de « L'Express », cette voix, qui pèse dans la République des lettres européenne, peut être écoutée.